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380                       DES ARMOIRIES
crites sur leurs bannières ou leurs boucliers. On peut consulter
à ce sujet les ouvrages du père Menestrier. Le savant jésuite
s'appuie toujours, non sur des théories écloses de son imagination,
mais sur des faits ou sur des textes décisifs. Ainsi Lyon, sous
le domination romaine, avait déjà un lion pour emblème, ainsi
que l'atteste la médaille de Marc-Antoine, citée par M. Monfaleon.
Pourquoi ce lion , alors que le nom de la ville était Lugdunum ?
C'est ce qu'il serait impossible d'apprendre aux lecteurs d'une
manière certaine.
   Mais si par armoiries on entend ces images héréditaires em-
pruntées aux tournois et aux souvenirs des croisades , et ces
couleurs dont les noms ont une étymologie orientale , on est
forcé de convenir que ce serait un enfantillage que d'en chercher
quelques traces avant la fin du XIe siècle ; et encore ne furent-
elles d'un usage général et soumises à des règles précises que
longtenjps après. Les figures le plus souvent employées trouvent
leurs explications, naturelles dans les faits et les mœurs de cette
époque. On sait que les croix furent adoptées par les seigneurs
qui allèrent aux croisades, que les chevrons étaient des pièces
de tournois , les besants une monnaie orientale , et que les mer-
lettes, oiseaux fabuleux sans becs ni pattes , rappelaient les
voyages d'outre-mer. Beaucoup d'autres pièces plus modernes
sont en rapport avec les jeux d'esprit symboliques des XVe et
XVIe siècles. Quant aux animaux et aux tours , quant aux fleurs
de lis qui existaient comme emblèmes , dès les temps les plus
reculés (voir l'excellent ouvrage de M. Rey sur les couleurs et
les insignes de la nation française), il est probable qu'un grand
nombre de familles en prenant des armoiries reprirent les marques
anciennes lorsqu'elles avaient déjà décoré leurs ancêtres.
   Ajoutons, pour l'intelligence de la théorie des armoiries, pas-
sablement embrouillée aux yeux de beaucoup de gens, que les
premiers qni en firent usage furent les seigneurs , les chefs, les
personnages sui juris, qu'elles étaient et furent toujours le signe
d'une condition libre ou l'emblème du commandement et du
pouvoir, que dès lors ni le» villes , ni les villages , ni les bour-
geois ne purent en avoir avant que. par une marche inévitable,