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134 LA GAZZËTTK FRANÇOISE. pocrites, que tout ce que l'artilice et la dissimulation peuvent avoir de corrompu se loge au large... dedans les cachots de leur seing. « Ils se repaissent de l'adversité d'autruy, comme les plantes se nourrissent de l'humeur de la terre ; la prospérité de leurs voisins leur donne plus d'ennuis que la leur propre ne leur ap- porte de plaisir, portant en un corps mortel des jalousies im- mortelles , avec un estomac si desbauché que les meilleures viandes leurs tournent à poison, comme le suc des fleurs à l'a- raignée. La rouille ne consomme tant le fer, les teignes le drap, le vert moulu le bois que l'envie fait celuy que elle possède. » Tels sont, en résumé, les traits principaux et la physionomie que maître Allard prête aux Stéphanois de son temps. La flatterie, l'hypocrisie, l'envie et l'avarice dont il les accuse, sont-ce là des vices qui aient subsisté et qui subsistent encore dans la capitale des rubans ? L'hospitalité y est-elle toujours la vertu domi- . nante ? Le lecteur en sera juge. Quoi qu'il en soit, nous avons trouvé piquant de rappeler après deux cent cinquante ans, ces mœurs d'un autre âge, par- fois si malheureusement semblables à celles du nôtre. 1(1. Il serait trop long de donucr au lecteur la description com- plète du château de l'Heurton, situé sur la verte rive du Chava- nelet (d). Il faut se contenter de dire comme Allard « que le châ- teau est des plus miraculeux, et que le fameux Chavanelet, d'un rapide cours arrouse le travers de l'un des faubourgs de San- tetieve. » Un certain jour, la garnison de l'Heurton, dite de Morte-paye, et pour cause, étant allée à la munition de gueule, c'est-à -dire à la maraude, fut prise à la pipée. Comme elle n'avait laissé « pour garde du fort que le fort seulement, voici que le grand Boute-tout- cuire.., le Morgant, le fendant, le tranche-montaigne, la merveille (!) Le Ftirens.