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500                 M. VICTOR DE LAPRADE.

leur, quelle magnificence d'expression il en déroule les mer-
veilleuses évolutions :
... Un homme encore, un ouvrier fragile
A fait vivre le fer comme autrefois l'argile.
Le ciel cède à la fin ses secrets au Titan.
De l'antre créateur la machine animée
     Sort plus rapide et mieux armée
     Que Mammouth et Léviathan.
Regardez sans terreur sous ses noires écailles ,
Du monstre obéissant palpiter les entrailles ;
Son cœur est un brasier béant comme l'enfer ,
Et l'onde qui l'abreuve en vapeurs dilatée,
       D'une haleine précipitée
       Soulève ses poumons de fer.
Quel coursier chimérique et dévorant l'espace,
Quel dragon dans son vol, quel aigle le dépasse?
Soit que des longs rails-ways il suive les reseaux ,
Ou qu'ébréchant les flancs des larges promontoires,
     Il fasse , aux coups de ses nageoires,
     Une tempête sur les eaux.
Quand l'hydre aux mille anneaux dans les plaines rampante
Roule d'énormes chars un convoi qui serpente,
Lorsqu'au loin dans le ciel sa crête rouge a l u i ,
A sa masse, à son bruit de lave souterraine,
    On dirait un volcan qui traîne
    La chaîne des monts après lui.
Et le monstre, docile aux caprices de l'homme,
Se plie aux vils travaux de la bête de somme :
Naguère il poursuivait le mobile horizon ,
Il va bientôt, aveugle et le mors dans la gueule ,
     Tourner une incessante meule
     Dans l'atelier , morne prison.
Ou bien, près du cratère où la fonte s'allume ,
De son bras de cyclope il fait sur une enclume
Bondir, à temps égal, les noirs et lourds marteaux ,
Ou, puisant au milieu de la lave qui coule,
    Il sait dans les contours du moule
    Pétrir du doigt les durs métaux...
   Tout est de celte vigueur, de cette verve et de cet éclat.
Malheureusemenl M. de Laprade fait suivre ces magnifiques
lableaux de prévisions dont la conclusion définitive m'échappe.