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                   LA LONGÉVITÉ.                       101

Portaient bien les lauriers de leurs quatre-vingts ans ;
Et SAUZET a prouvé, qu'aux fastes de l'histoire,
Des Nestors magistrats inscrivent leur mémoire :
Grand âge et hauts talents ne sont pas désunis,
Par décret de FLOURENS, les vieux sont rajeunis ;.


Plaignons le travailleur flétri par la misère,
L'esclave sous le fouet, le mineur sous la terre,
Le verrier, le chauffeur, calcinés à leur four,
La brodeuse soufflant sa lampe au point du jour.


Mais pour justifier les goûts dont il abuse,
Du vice invétéré n'admettons pas l'excuse :
On voit durer, dit-il, des vieillards dissolus,
Des buveurs forcenés, des sensuels goulus ;
Il cite, pour modèle au penchant qu'il accueille,
L'âge d'Anacréon, Tibère ou d'Aigrefeuille.


L'homme se tue ; il croit que ses jours sont à lui ;
Mais je n'approuve pas qu'il assassine autrui :
Or, tel est le progrès que dans notre patrie
Poursuit impunément l'implacable industrie.


Alphonse Karr, tout haut, signale le danger :
Ce qu'on mange, dit-il, est ce qu'on croit manger :
L'épicier s'enrichit des santés qu'il ruine,
De suif en chocolat et de plâtre en farine ;
L'indigène moka, débité dans Paris,
Se moule en grains d'argile, est peint en vert de gris ;
De vinaigre de bois j'humecte ma salade ;
Ce n'est plus le citron qu'on presse en limonade :
Je bois du vitriol comme dans le cognac.
Et puis plaignez-vous donc des douleurs d'estomac -    1
Qui nous délivrera des poisons culinaires ?