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522            DISCOURS DE M. L'ABBÉ MOIHOT.

légitimes de la pensée, plus intimement associé a la vie et
au mouvement de la société, mises en possession de plus
larges et plus efficaces moyens d'action, les Facultés conser-
veront à la France ce glorieux héritage des sciences et des
lettres, source première et incontestée de sa prééminence
entre toutes les nations. Elles renoueront la chaîne des
temps, et feront revivre, en les appropriant a notre époque,
les vénérables traditions des Universités du moyen-âge qui
avaient fait de la France une grande école, où l'on accourait,
de toutes les parties du monde chrétien, pour s'initier à ces
 idées qui font la force et la grandeur des temps modernes ;
car c'est à la vigoureuse impulsion qu'elles avaient donnée
à toutes les parties du savoir humain, c'est au tempérament,
sain autant que robuste, qu'elles avaient communiqué aux
intelligences, par les idées chrétiennes, par l'étude des
monuments anciens, par la philosophie surtout, qu'il faut
faire remonter, comme à la source la plus élevée, cet élan
irrésistible vers le vrai et le bien, cet enthousiasme du beau,
d'où devaient sortir tant de chefs-d'œuvre qui ont immorta-
lisé notre grand siècle.
    Si cette mémorable époque doit revivre (et pourquoi nous
interdire cet ambitieux espoir?) elle ne renaîtra que par les
causes qui l'avaient produite, par des études sérieuses et
 approfondies, poursuivies avec constance, jusque dans l'âge
mûr, sous la direction de ces maîtres qui portent à juste
 titre le sceptre des connaissances, et qui, par droit de su-
 périorité intellectuelle, ont pouvoir sur la direction des
 intelligences.
    Or , cette grande, j'allais dire cette sainte mission, c'est,
Messieurs, la mission des Facultés parmi nous, et le gouver-
 nement de l'Empereur est trop jaloux de rendre à la France
toutes ses gloires, pour ne pas en assurer le succès.
    Mais les Facultés ne sont pas seulement appelées a recu-
 ler les bornes de nos connaissances, a les répandre et a les
 vulgariser. Un autre devoir leur est imposé.
     C'est à elles qu'il appartient de maintenir le niveau de
 l'instruction, en ne dispensant le diplôme, qui ouvre l'entrée
 des carrières libérales et industrielles, qu'à ceux qui, par
 des études complètes et l'irréprochable moralité de leur
 conduite, se sont dignement préparés à l'honneur de servir
  leur pays.
     Cette juridiction souveraine, qu'elles ont toujours exercé
 avec impartialité, est plus nécessaire encore sous un régime