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58 COUP-D'OEIL de discours qui, séparés des circonstances d'où ils sont sortis, n'intéressent plus guère? Admettons donc que l'étude des chefs-d'œuvre qui se sont produits de nos jours à la tribune, dans la chaire et au barreau, à l'occasion des plus grands intérêts de l'humanité et de l'ordre social, est un travail fort important, le plus capable à la fois et de glorifier les hommes de génie et de diriger la jeunesse dans les voies de l'art oratoire. Les lumières dont le critique-historien doit éclairer ses jugements partent de trois points bien distincts, à savoir: de la morale , de la politique et de l'esthétique qui n'est autre chose que le goût du beau ; el il est vrai de dire que ce der- nier point de vue qui décide ordinairement de l'éloge ou du blâme dont une œuvre d'art nous paraît digne, est presque toujours subordonné à l'idée que nous" nous formons des deux premiers. Rien de plus louable et de plus élevé que le point de vue moral de M. Alfred Nettement. Le catholicisme en est l'ap- pui. Toutes les pages de son livre en donnent la preuve. Un seul exemple suffira. En appréciant la critique de M. Gustave Planche, il cite cette parole de Bacon, que « la Religion est l'arôme qui empêche la science de se corrompre, » puis i) ajoute : « le mot est profond et la maxime est vraie dans toutes les branches des connaissances humaines; quand cet arôme s'évapore la corruption pénètre. Le spiritualisme chré- tien qui élève tout ce qu'il touche, et, par l'idéal divin, con- sacre la philosophie, inspire et vivifie l'art, anime et élève l'éloquence, purifie et ennoblit la poésie, agrandit et éclaire la mission de l'histoire , ouvre les ailes de la science, voilà l'arôme qui manque à la critique purement idéaliste » (1), H dit encore : « La morale repose .. , . sur la connaissance (1) Tome I, pag. 120