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LA GAZZETTE FRANÇOISE. 129 par la défense et victoire non pas d'une Troye asienne, comme Hector et Achile, mais d'une Troye, forésienne , dont les Perga- mcs sont bien autres que ceux d'Ilion , du chasteau sur-admi- rable de Ytfeurton , que vaguement je vous nomme pour n'estre « incognu que de ceux qui n'ont jamais été cognus, lequel a au- tour de soy mille forests orgueilleuses de sapins, etc. « Je vous descriray les mœurs, les humeurs et les rumeurs des bourgeois offencez, attaquez, pris au despourveu, de la noble ville de Santetieve (i) qui, comme une autre Lacédemone a sorti de son ventre et nourry de sa mamelle, les valeureux Argives qui ont travaillé à cette conqueste, Santetieve qui a produit les Prolésilas, les Agamemnons et les Ulysses, les Hectors et les Ajas de cette guerre périlleuse. » Allard, avant d'entrer in médias res, nous apprend qu'il est né dans la « fumeuse (je veux dire fameuse) ville de Santetieve, l'honneur du pays de Forets. » L'auteurfait, en même temps, une description à la fois originale et encore ressemblante de la ville de Saint-Etienne à cette époque. Il nous la peint environnée déjà de hauts-fourneaux incandes- cents, « de montaignes incessamment brusiantes, flamboyantes et embrasées, si oncques l'a esté le mont Gibel sicilien. Ces montaignes, plustost dois-je dire bouches infernales, nommées par les habitants du pays en leur langue vulgaire, la Mina , la Viola, la Bouta, eslancent leurs continuelles, ardantes et bru- yantes fiâmes jusques au magasin des nues, et semblent ainsi que les Géants et les Tirans (sans doute pour Titans) enfants de la terre vouloir contre le ciel attaquer l'escarmouche, servant par leur claire splendeur, non seulement de guide et fare nocturne, aux peuples circonvoisins, mais aussi en plein jour d'estonnement et d'admiration aux estrangers dont les esprits se perdent en ces merveilles. » « En eeste région de taupes, ils ne sauraient dire de mesme que Des Accords récite deM. Gaulard (de sa chambre entr'ouver- (1) Saint-Etienne, en langage forésien. On trouve quelquefois ce mot dans Chapelon.