Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
396      LE COMBAT DES MARIÉS ET DES NON MARIÉS.

 nerons voire désir à bonne fin : — C'est, dit Corsant, de gai-
gner mon procès avecques la belle cousine, à celte fin que de
sa grâce je puisse desoresenavanl soublenir la cause des ma-
 riés, parce que incontinent que je l'ay vue en ay faicl la
 dame de mes pensées et le sera certes jusqu'à mon trespasse-
 ment. Tout aussitôt la cousine baissa de honte ses grands
 yeux bleux : surquoi la noble dame lui prenant la main res-
pondit avecques ung doux souris : Si ay bien comprins, vou-
dries eslre mon cousin : n'est-ce pas, beau syre ! si la jeu-
nette esl de mon advis, elle vous relesvera de blasme el fera
tout de vous un bon mary de méchant garçon que vous estes.
    Oyanl semblable propos, la pauvre Yolande ne savoit bon-
nement en quel coing se mesner, tant se rendoit vergo-
gneuse; mais cognoissanceesloit faicte et occasion favorable,
d'autant que mère nalure avoit jà secoué flammèches d'amour
sur ces deux tendres cueurs au prime abord. Si bien qu'à la
parfin Yolande sans plus songer au cloistre que si oncques
cloistre n'eût élé en ce bas monde, dict tout bas : Oui, si
mon cousin en celui bas monde messire de Blonnay qu'est
mon bon parrein el luleur, ny trouve à redire. — Doibt bien-
lost venir par deçà, fisl Corsant loust ravy d'aise; iray l'at-
tendre à Yivey en grande impatience.
   MessyreSymon arriva quatre jours après: il ne desdil point
la génie cousine ; mesmemenl leur fist-il belles et honorables
nopees en son bon chaslel de Blonnay. Et Corsant lui disoil :
Noble cousin ! n'ay rien perdu d'estre vaincu par vous,
et d'eslre venu cryer mercy céans ; ains ay gaigné pour lot
belle el bonne femme, et si quelcun veul maintenant dire
quelque chose contre les mariés, c'est qu'il aura à faire à moy
el lui ferai-je (oust ainsi que m'aves faicl au combat de
Thurin. »