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DISCOURS DE M. BOU1LUER. 533 Il ne nous reste plus qu'une année pour avoir parcouru, une première fois, la période triennale dans laquelle doit ren- trer tout notre enseignement. Les siècles de la littérature grec que et latine qui ont suivi les grands siècles de Périclès et d'Auguste, la littérature du XVIIIe siècle, les temps mo- dernes, l'histoire de la philosophie, voila où nous devons prendre les sujets de cette troisième année. Le professeur de littérature ancienne, M. Démons, trouvera encore une matière assez belle dans les derniers siècles de la littérature grecque et latine. Après des considérations générales sur la poésie grecque à partir de la mort d'Alexandre, poésie sa- vante et artilîcielle plutôt qu'inspirée, il fera connaître l'Alexandra de Lycophron, les Hymnes de Callimaque, les Ar- gaunotiques d'Apollonius de Rhodes, les Idylles de Théocrite. Dans la prose, il a fait choix de Plutarque ; il appréciera au point de vue archéologique, philosophique et littéraire, ses travaux d'érudition et ses œuvres morales; il examinera ensuite les Vies des hommes illustres, soit sous le rapport de la composition et du style, soit sous celui de l'exactitude et de la vérité historique. Les Tragédies de Sénèque et l'Institution oratoire de Quintilien formeront la part de la littérature latine. Le professeur fera voir les différences des tragédies destinées à la représentation, et de ces ou- vrages qui, sous une forme dramatique, ne sont au fond que des dissertations philosophiques et sophistiques. A l'examen de l'Institution oratoire, il rattachera l'histoire des causes de la décadence de l'éloquence romaine, en montrant l'impuissance de la réaction tentée par Quintilien. Il compa- rera ses préceptes avec ceux des plus illustres rhéteurs, et il en cherchera la raison dans les passions humaines et dans les lois de l'intelligence. Du XVIIe siècle, le professeur de littérature française pas- sera au XVIIIe siècle. 11 s'en tiendra a l'histoire littéraire, sans prétendre faire rentrer dans son cadre l'histoire et la critique de l'esprit philosophique, de l'esprit de destruction et de réforme dont le XVIIIe siècle fut animé. D'abord il montrera la décadence du sentiment poétique après le XVIIe siècle. Par l'examen du théâtre de Voltaire, de ses diverses poésies, de son commentaire sur Corneille, il fera voir en quoi ce siècle a gardé et en quoi il a altéré, dans la poésie, le style, la langue, les sentiments et la'tradition du grand siècle. Est-il vrai, comme on l'a dit, que la meilleure langue française soit celle de Voltaire? Voilà la première