Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
              DEUX LETTRES INÉDITES DE CHALIER.                 429
 particulier. Je vois bien, mon ami, que c'est encore une
 espèce de dépendance, d'autorité et de despotisme que se réserve
le pouvoir exécutif pour ne pas perdre ses anciennes préroga-
tives, patience ! il faut s'y conformer si c'est l'habitude. Ainsi
donc expédiez luy ce qui est nécessaire pour constater la
nomination légale du corps électoral, et j'y tiendrai la main quoi-
que au fond rien ne presse à cet égard.
   « Remettez sur le champ et sans perte d'un instant l'incluse à
M. le Maire, je la mets sous envelope, afin que la poste soit
moins curieuse, car on vient d'y faire une lessive pour cause d'in-
fidélité en violant le secret des lettres. Eh .' de quoi n'est pas
capable le pouvoir exécutif ? il peut tout à présent impunément ;
je n'entre pas dans de plus longs détails avec vous sur notre
affaire qui va très-mal ici. M. Vitet, notre cher collègue, vous
dira de quoi il est question. Il s'agit de prendre un parti vigou-
reux, ou nous sommes immolés, car le crime triomphe, l'aris-
tocratie lève la tète ici plus que jamais, parce que l'Assemblée
nationale est gangrenée à la très-grande majorité. Je vous écris
sur mes genoux, pour ne pas perdre l'occasion du courrier.
   « Faites moi le plaisir à vos moments de loisirs de passer chez
moi à la place du grand collège, dire à mon ami M. Marteau
de ma part qu'il veuille bien m'envoyer par quelque occasion
sûre S à 6 cents livres dont j'ai besoin, car l'argent s'en va ici
comme la rosée au soleil brûlant, faites luy bien mille amitiés
de ma part ainsi qu'à toute la maison. Je ne lui écris pas parce
qu'étant vrai je lui ferois trop de peine de lui raconter tout ce
que je souffre ici pour la révolution en luttant contre l'iniquité,
le brigandage, et la trahison, les aristocrates de l'Assemblée
nationale, les Thuileries et Dieu sait qui et combien ; les quatre-
vingt-trois départements sont contre moi, jugez de la lutte ef-
froyable.
' « Parlez à la municipalité, ferme, dites lui qu'il n'est plus
 temps de s'amuser ù raisonner, qu'il faut agir. Qu'elle envoyé
 des députés par le conseil général de la commune, ou que les
 citoyens sortent de leur léthargie ; que les sociétés populaires se
 montrent avec énergie, car l'audace et la perfidie du Directoire