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320 M. JULES JANIN. rappeler combien est irrésistible l'empire de la beauté et de se souvenir de ces vieillards de Troie qui trouvaient que , pour la belle Hélène, ce n'était pas trop d'un pays ravagé et du sang versé pendant dix ans d'une guerre acharnée ! Nous ne le savons. —Dans tous les cas nous regrettons que l'auteur ait choisi un sujet aussi profane pour nous donner la mesure de son talent, et nous prouver qu'il sait travailler son style comme Froment-Meurice un bijou , avec un fini qui s'arrête au précieux seulement. Si nous avions , en finissant notre travail, le courage de dire à M. Janin : Vous abusez quelquefois du coloris dans vos tableaux , et votre dessin manque souvent de pureté et de correction ; Dans sa forme dithyrambique ou dans sesjeux capricieux, votre style obéit quelquefois à je ne sais quelle poétique qui lui fait entasser épithètes sur épithètes , dont plusieurs flat tent l'oreille sans rien dire à la pensée ; N'avez-vous pas quelquefois un peu trop de goût pour le paradoxe et ne vous a-t-on pas vu souvent couper la queue de votre chien , comme Alcibiade, pour appeler l'attention publique ? Vos jugements littéraires n'ont-il pas été quelquefois in- fluencés par l'amitié ou la colère ? Si nous disions tout cela, on nous répondrait que c'esl faire mauvaise guerre que de signaler quelques rares scories dans l'œuvre gigantesque de vingt-cinq années, et on aurait raison ; ce que doit remarquer un esprit juste el équitable , c'est(après avoir fait toutes réserves à l'endroit des faiblesses de M. Janin pour certaines pièces et certains auteurs) que cette œuvre est grandiose et sans pareille en quelque sorte, c'est que chacune de ces années a produit des pages magni tiques , chaque mois presque en a donné de belles seule- ment, que toujours et a toutes les époques il y en a eu de \