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LA GAZZETTE FRANÇOISE. 123 et ménager à ses frères la suite des affaires ; mais deux de ceux- ci étant morts, le troisième disparu depuis longtemps, et, son père mort, il abandonna, à l'exemple de Jean d'Allard, son cousin, une carrière qui ne s'alliait plus à l'essor que prenait sa famille ; d'ailleurs les talents que la nature lui avait départis le poussaient vers les belles lettres, en même temps que l'ardeur de son tempérament l'entraînait aux voyages lointains. C'est une chose singulière que de trouver un érudit à Saint-Etienne à cette époque ; Marcellin Allard est le premier écrivain que cette ville ait produit (1). Ses ouvrages ne sont pas considérables, il est vrai, puisqu'ils ne consistent guère qu'en un volume, mais, comme ils prouvent une érudition assez étendue, puisqu'ils con- statent la connaissance du latin, de l'italien, du grec et de l'es- pagnol, à la complaisance avec laquelle il cite de nombreux; pro- verbes espagnols, il est évident qu'il a fait un assez long séjour dans ce pays. C'était ce désir d'instructiqji qui le poussait con- tinuellement vers Paris, puisque les seules pièces qui nous restent nous le font voir dans cette ville, en 1883, 1388, 1589, 1602 et 1604. » (année où il fit imprimer la Gazzette). Nous sommes tâché de ne pas partager l'opinion de M. de La Tour Varan sur plusieurs de ces points. Nous avons parcouru le livre de Marcellin avec la plus grande attention, et comme, sui- vant sa propre expression, la Gazzette n'est qu'un pot pourri, il est bien extraordinaire qu'il n'ait dit mot de l'Italie et de l'Espa- gne ; d'où il faut conclure, comme lui, qu'il n'a appris les deux idiomes qu'en lisant plusieurs beaux livres italiens et espagnols. Il n'y a rien d'étonnant, au reste, qu'il ait connu ces deux langues sans les avoir étudiées à leur source. A cette époque, elles étaient bien plus généralement répandues en France qu'elles ne le sont aujourd'hui. L'italien, importé en France sous le règne de Charles VIII, s'établit à la cour et dans les provinces à l'ar- rivée de Catherine de Médicis. Les plaisants et curieux dialogues (1) Janier, curé de Saint-Etienne, adonné 2 vol. in-8 de sermons français imprimés chez Chaudière en 1570 ou 1572, il avait déjà publié un ouvrage de piété on 1567. Voir sur ce dernier point la biographie forfoienne de M. Auguste Bernard.