Revue du Lyonnais » série 2 - n°11 ( 1855 ) » pp.189

                ANNE DE GE1ËRSTEIN.

                   LE PRÉSIDENT.
Écoute, et réponds-moi. La hache est sur ta tête;
     Tu serais plus en sûreté
Soutenu par un fil au sein d'une tempête,
     Au milieu d'un fleuve indompté ;
     As-tu dit ce dont on t'accuse?
                     PHILIPSON.
Je l'avoue.
                 LE SAINT-VEHMÉ.
              Il avoue!
                   L'ACCUSATEUR.
                          Il mérite la mort.
                     PHILIPSON.
     Ne croyez pas que je m'abuse
     Sur ma réponse et sur mon sort ;
     Mais permettez-moi ma défense.
Loin des pays soumis a votre obéissance
     J'ai pu, sans être criminel,
     Vous accuser d'être sévères,
     Dire qu'à l'ombre de l'autel
     Siégeaient des juges sanguinaires,
    Que les rois étaient imprudents
    De vous laisser votre puissance,
     Qu'un d'entre eux, et des plus vaillants,
     Contre vous lèverait la lance ;
     Mais avoir dit que mon conseil
     Aux princes donnerait l'éveil,
     Mais, moi, passant sur cette terre,
     Sur ce sol soumis à vos Ioix,
    Avoir jamais levé la voix,
    Avoir rien dit qui fût contraire
     Au pouvoir qui règne en ce lieu,
     Je le nie.