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               DISCOURS DE M. L'ABBÉ NOIROT.                  519
l'enseignement des Facultés, et de l'ardeur des besoins in-
tellectuels qu'il est appelé à exciter et à satisfaire.
   Digne hommage rendu aux sciences et aux lettres, qui
atteste le haut prix que plus que jamais on attache aux pro-
grès des connaissances, et la conviction, de plus en plus
vive, des résultats heureux que l'on doit se promettre de leur
diffusion !
   Jusqu'ici, à toutes les époques de l'histoire et chez tous
les peuples, il avait existé entre la spéculation et la pratique,
entre la pensée et l'action, une sorte d'antagonisme et de
divorce, également funestes à l'une et a l'autre.
   Renfermée dans l'enceinte bruyante des écoles, et sem-
blable'a ces météores lumineux qui éclairent un moment la
terre sans la féconder, la science est restée longtemps
presque étrangère a la vie des sociétés, a la marche des
événements. Sans bases prises dans la réalité, et sans le
contrepoids de l'expérience, elle s'égarait le plus souvent en
recherches subtiles et oiseuses qui ne trouvaient nulle part
encore leurs applications.
   De son côté, la pratique, livrée à l'aveuglement de la rou-
tine et des préjugés, s'agitait, impuissante, dans un cercle
étroit qui la ramenait sans cesse sur elle-même, sans la sa-
tisfaire jamais.
   De nos jours, et ce sera une des gloires de notre époque,
ces deux forces qui mènent le monde, la théorie et la pratique,
marchent enfin de concert, se rapprochent chaque jour d'avan-
tagé, sans rien perdre de leur caractère essentiel, et tendent
enfin à s'unir pour se compléter l'une par l'autre.
   La vieille barrière qui s'élevait entre la pensée et sa réa-
lisation extérieure est renversée. La science, sans cesser
d'être progressive, comme par le passé, sans abdiquer ni sa
rigueur ni ses principes, ni la rectitude de ses méthodes,
descend enfin des hauteurs de la pure abstraction, où si
longtemps elle demeura solitaire, pour se répandre, se vul-
gariser, pénétrer dans toutes les veines du corps social, et
se transformer, selon la variété infinie de nos besoins, en
ces merveilles des arts et de l'industrie, qui, aujourd'hui
même, a l'heure où nous parlons, reçoivent les plus solennelles
récompenses, la plus glorieuse de toutes les consécrations,
de la main du chef de l'état.
   A son tour, la pratique, dans toutes les sphères où s'agite
notre activité, dans l'industrie, dans les arts, dans la législa-
tion, dans la politique, avoue, plus que jamais,.le besoin