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                    M. VICTOR DE LAPIUDE.                    491

deur de son culte, les douceurs de sa morale, les consola-
tions infinies de sa charité. Parfois , sur les traces du divin
Maître , les larmes coulent, la colère éclate ; pieuses larmes
versées au seuil du sanctuaire , ou sur une tombe aimée, et
que le ciel recueille; sainte colère dirigée contre la profana-
tion du temple, contre l'avare , contempteur ou spoliateur
du pauvre, contre le pharisien intolérant et hypocrite, con-
tre tous les vices que le chrétien déteste de cette haine, amère
pour le mal, jamais pour l'homme. La poésie païenne, on le
sait trop, ne pouvait rien au-delà des sens; la poésie catho-
lique , dans ses suaves expansions, s'adresse aux profondeurs
de l'âme , et agit sur nos sentiments les plus intimes qu'elle
pénétre et enveloppe de toutes parts ; et si, dans ses précé-
dents ouvrages, M. de Laprade a pu charmer quelques intel-
ligences d'élite, dans les Poèmes évangêliques il aura eu
l'inappréciable bonheur de soulever dans la foule, dans cette
foule qui travaille, souflre, pleure, et doute parfois dans
ses souffrances, de soulever p\m d'une bonne pensée, de
faire briller plus d'une espérance obscurcie au fond des
cœurs, de consoler plus d'une douleur discrète et silen-
cieuse. Y a-t-il un plus noble but à poursuivre ? Et quelle
couronne meilleure peut orner le front du penseur et du
poète ?
   Résultat acquis, du reste, sans aucun abandon des droits
de la poésie et des exigences de l'art, loin de là. M. de La-
prade avait à lutter contre une difficulté immense, devant la-
quelle bien d'autres avaient reculé, celle de reproduire, sans
l'altérer, la simplicité sublime du Livre divin ; la lutte a dû
être longue, difficile, laborieuse ; elle a été aussi triomphante
qu'elle pouvait l'être : jamais, dans aucune poésie , le texte
de l'Evangile n'avait été serré de si près, traduit, puis inter-
prété aussi fidèlement. Le public apprécie assez peu le mé-
rite de la difficulté vaincue; ceux qui ont cultivé l'art, ceux