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                                Mme   RISTORI.                             441

  ractéristiques, propres à toute sommité lyrique. Fut-il, dans la
 génération précédente, un seul schismatique au culte d'adoration
 rendu à la diva Malibran ? La France entière ne voulut-elle pas
  adoucir de ses larmes le deuil de la veuve de Nourrit ? Qui ne
 sourit encore d'aise et d'amitié au ^souvenir de l'ingénu visage
 de l'Alboni? Oui, nous aimons dans le véritable artiste autre
 chose que l'instrument de nos plaisirs. Et comment, une soirée
 entière, demeurerait-on impunément suspendu à ses lèvres, ému
 de son émotion, pénétré du fluide qui rayonne de toute sa per-
 sonne? C'est là du magnétisme, si vous le voulez ; mais celui-ci
 du moins, ne donne ni déceptions, m' regrets. Et si j'ajoute qu'il
 réussit d'autant mieux que l'initiateur y met plus de simplicité,
 c'est dire que, par là encore, nul mieux que M. Renard ne
 méritait de l'exercer dans sa plénitude d'action. Aussi en re-
 cueille-t-il, à chaque nouvelle représentation, les effluves de retour
les plus sympathiques. Douce et noble communion des sens et
de l'âme, où auditeur et artiste ressentent à l'envi, loin du souffle
glacé de la tradition classique, cette émotion réciproque qui,
par l'oreille, se rend maîtresse du cœur. Là est pour lui le vrai
 triomphe ; là, pour nous, la seule jouissance enviable.
    Donc, puisque cette année, la source en est ouverte, ne remet-
tons pas au lendemain et, comme dit le sage de la barearole,
             Sachons, amoureux du plaisir,
             Préférer le présent au douteux avenir.
                                                             D. D.



                MYRRHA. — Mme RISTORI.

   La Revue ne saurait rester indifférente au passage de M me Ristovi à Lyon ;
car, si Mme Ristori n'a pas apporté avec elle, comme autrefois M"e Rachel,
les chefs d'œuvre de la littérature française ou plutôt occidentale, pour
parler comme Goethe, elle nous a apporté du moins quelque chose qui
s'adresse encore à l'esprit, à la raison, et par ce temps de lourds vaudevilles
et de musique légère nous sommes disposés à lui en savoir gré. Nous tenons
donc pour bien employées les soirées passées à écouter la tragédie ita-