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DE LA VILLE DE LYON. 387 quartier à senestre chargé d'une épée, les magistrats d'une toque, etc. Les bonnes villes eurent un chef de gueules à trois abeilles d'or. Il serait trop long et trop en dehors de notre sujet d'entrer dans une dissertation sur les motifs qui firent prendre les abeilles en place des fleurs de lis pour désigner la France. Nous constatons le fait ; il était légal, conforme aux règles hé- raldiques et appuyé sur un décret. Sous la Restauration les fleurs de lis reparurent naturellement, la Révolution de 1830 les effaça de nouveau, et comme nous l'avons dit cette dernière mutilation fut sans raison et contraire au plus gros bon sens et même à la légalité , car aucune loi n'intervint à ce sujet ni pour les proscrire, ni pour fixer une nouvelle manière de blasonner les armoiries qui en étaient décorées. Aussi une partie de l'épi- graphie monumentale fut-elle livrée à un désordre d'autant plus grand que ce vandalisme fut l'effet de plusieurs causes, de l'igno- rance des décorateurs et des rancunes politiques de quelques fonctionnaires. On vit alors apparaître de singuliers blasons : le coq soit disant gaulois, niaiserie issue d'un calembourg injurieux pour la nation française et inventée sous la première révolution, ou bien le livre ouvert de la constitution dont on n'a jamais pu bien préciser la couleur. L'établissement du nouvel empire devait remettre quelque ordre à tout cela. On peut apercevoir, en effet, dans les paroles mêmes de l'empereur l'intention de respecter les traditions na- tionales ; et au besoin, Lyon peut reprendre sans anomalie le chef chargé d'abeilles ; il a des inconvénients, je le sais ; son émail pareil à celui du champ, ne satisfait pas l'œil, aussi com- plètement que l'azur et il ne tient aucun compte, parla suppres- sion des fleurs de lis, de la plusbelle partie de notre histoire.Néan- moins il est rationnel, coupe court à toutes les excentricités des fantaisistes et fixe une date importante dans l'histoire générale. Il me semble que l'on pourrait encore concilier le passé avec le présent en composant les armes de la ville au moyen d'une partition, c'est-à -dire d'un écu composé de plusieurs écus réunis par le moyen des écartelures ou d'un double chef, ce qui est rare mais admissible en blason.