page suivante »
386 DES ARMOIRIES J'ai ouï ilire quelquefois que le chef de France, des armoiries des villes, avait été concédé par le roi à celles qui avaient le titre et le rang de bonnes villes. Cela n'est "pas exact, car parmi les bonnes villes il en est qui n'ont pas ce chef, ni même de fleurs de lis, et d'ailleurs, dans cette hypothèse , on trouverait des édits relatifs à ce sujet et il n'en existe point pour Lyon. Néanmoins il y a dans cette opinion une idée qui ne sera pas inutile pour corroborer les assertions précédentes. Cette qualification de bonnes villes date de l'année 1314 , deux ans après le traité qui fit passer Lyon dans la catégorie des villes françaises ; on s'en servit pour désigner les villes ayant une commune et des magis- trats jurés, dont les habitants jouissaient du droit de bourgeoisie et d'exemption de tailles. Il est donc probable que l'adoption d'armoiries par ces villes ou l'octroi de ces armoiries par le pou- voir royal, octroi qui est certain pour quelques-unes dont les titres sont connus , se rapporte à la même époque. La Révolution détruisit les armoiries et les fleurs de lis sans se soucier ni de l'histoire, ni des gloires antérieures de la nation, sans se douter non plus, car les démolisseurs sont ignorants , en général, qu'à Lyon, le chef fleurdelisé était un signe de liberté et de franchise. Lorsque l'empereur voulut reconstituer Ja noblesse et par conséquent le blason , ceux qui furent chargés du travail héraldique pensèrent, avec raison, qu'à une ère et à une dynastie nouvelle il fallait des signes nouveaux en rapport avec les idées et les faits du jour, plutôt qu'une parodie des si- gnes anciens qui s'adaptaient mal aux changements survenus dans le monde. On ne les proscrivit pas tous, on s'en servit même comme des rudiments pour établir le nouveau système. Les chefs, les francs quartiers et les champagnes (pièce opposée au chef et située dans le bas de l'écu) jouèrent un grand rôle et servirent, non plus à désigner les individus, mais les catégo- ries d'individus ; le champ seul resta en général comme une mar- que spéciale à chaque personne et les séries se distinguèrent par une de ces pièces uniformes. Ainsi les ducs avaient un chef de gueules semé d'étoiles d'argent, les sénateurs un franc quartier chargé d'un miroir entouré d'un serpent, les barons un franc