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                  LE VEAU DOR.

Le sol en est pavé, je les évite en vain,
Et j'ai soin cependant, si je me mets en course,
De laisser de côté le palais de la bourse.
Ainsi que Juvénal, fouettant ses parvenus,
Je crie en les voyant : Iterum     Crispinus.
ïurcaret tout gonflé de report et de prime,
Montant dans son coupé, se croit illustrissime.
Il a vraiment raison : la noble croix d'honneur
Ajustement payé son utile labeur.
Sa poitrine n'est pas simplement décorée
De l'ordinaire éclat d'une étoile dorée ;
Fi donc, l'or et l'émail, misérable ornement !
Sa croix nous éblouit des feux du diamant.

Que pensez-vous, soldats, enfants de la patrie,
Zouaves , canonniers, vaillante infanterie ?
Devant Sébastopol, sans sommeil, sans repos.
Vous affrontez l'hiver et mourez en héros ;
Et si Dieu vous permet de revoir votre France.
Le riche Turcaret, montrant avec aisance
Son ruban cramoisi, se croira votre égal.
Sur un de ses plateaux il pose son métal ;
Dans l'autre sans façon il range notre armée,
Balaclave, Inkerman et toute la Crimée.
Il ne s'inquiète pas si vous avez du cœur.
Et les valeurs pour lui sont plus que la valeur :
Sentiments naturels des docteurs de la bourse,
Qui du Pactole antique ont retrouvé la source !
Mais moi, je vous admire, ô mes braves soldats,
Quand, à Sébastopol, donnant le branlebas,
Pendant les tristes mois de ce terrible siège.
Vous supportez le froid, la misère et la neige,
Et, méprisant le bruit de cent canons du czar,
Livrez sans murmurer votre vie au hasard.


Oh ! combien je voudrais qu'une muse puissante,