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M. JULES JANIN. Gomment se fait-il que notre province, si prompte d'or- dinaire à célébrer la gloire de ceux de ses enfants qui s'illus- trent dans la guerre, les sciences, les lettres et les arts, n'ait jamais songé a cet esprit si fin, si attique, h M. Jules Janin qui, tout en étant un de nos plus brillants fantaisistes, est tout bonnement un des premiers, sinon le premier des critiques de notre temps. Le célèbre feuilletoniste des Débats appartient bien cependant au Lyonnais ; il est né sur les frais et plantureux rivages du Rhône, à Condrieu (1), presqu'en face de cette antique cité de Vienne, où l'on de- vait voir plus tard, assis à l'ombre des monuments romains, un jeune homme écrivant la belle tragédie de Lucrèce, atten- tif a l'écho gardé par ces restes vénérés de la langue de Virgile et d'Horace. N'est-ce pas, parmi nous, au collège de Lyon, que M. Janin a connu pour la première fois ces poètes de l'antiquité dont il devait faire les compagnons de sa vie lit— (1) Et non à Saint-Etienne , comme le disent, par erreur, tous les bio- graphes. M. Janin avait trois ou quatre ans, je crois, quand sa famille est venue se fixer dans cette ville.