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228 ÉTUDES SUR L'HISTOIRE DU DAUPH1NÉ. l'établissement d'une colonie romaine : les commissaires chargés de la fonder {Iriwmviri vel duumviri), après avoir été nommés par le préleur urbain, recevaient Ylmperium d'une loi curiale : les colons qui devaient la composer, étaient enrôlés ou désignés par le sort comme de véritables soldats. On prêtait serment aux aigles et l'on parlait, enseignes déployées, pour aller prendre possession du pays déterminé par le sénatus-consulte. Arrivés sur le terrain, les commis- saires faisaient tracer avec la charrue un sillon autour de la ville et des champs à partager ; les arpenteurs (agrimensores) divisaient en lots loul le territoire suivant les règles de leur art : les parts étaient distribuées, puis quand toutes ces forma- lités avaient été accomplies avec tous les rites religieux dont les Romains accompagnaient leurs actes, les commissaires promulgaient la Formule et faisaient nommer les magistrats de la nouvelle cité (1). La colonie était une petite Rome, organisée à l'image de la grande (2) : elle avait ses duumvirs annuels qui lui tenaient lieu de consuls, ses décurions qui formaient son sénat, et ses assemblées du peuple qui rappelaient les comices par tri- bus. Les colons avaient le droit Quiritaire , c'est-à -dire tous les droils civils ; mais ils n'étaient pas des citoyens com- plets (cives oplimo jure), car ils ne pouvaient ni aller donner leurs suffrages dans les comices de Rome, ni briguer les magis- tratures (3). Narbonne ressemblait à toutes les autres colonies; seulement au lieu de commissaires nommés par le sénat, elle eut pour fondateur le consul Marcius, dont elle reçut la se- conde partie de son nom (118). Elle était, suivant l'expression de Cicéron, placée aux portes de la Gaule comme une senti— (t) Sigon. de antiq. j .re Ilalite, u, i. (a) Getl. xvi , t 3 , 9. (3) Sigon. loc. loud.