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154 BIBLIOGRAPHIE. que d'insignifiance, la continuation pure et simple de C isimir Delavigne. Nous avons l'école du Réalisme qui fait de la photo- graphie littéraire et qui supprime le génie en supprimant l'idéal. Nous avons la couvée de jeunes poètes que les Revues parisiennes abritent sous leur aile jaune. Et si nous cherchons enfin quelques noms à citer, sera-ce celui de l'auteur de la Dame aux Camélias. manière de Crébillon fils, qui s'est constitué le cicérone officiel des boudoirs douteux, et dont les ouvrages naïvement dépravés offrent un amalgame nauséabond de jargon vertueux et de tableaux obscènes? Sera-ce M. Murger dont le succès, aussitôt mort que né, s'est arrêté à la Vie de Bohème, mosaïque de bons mots d'un esprit de convention, recueil d'ana des enfants perdus de la littérature? M. Champfleury, qui se coupe dans le manteau de roi du grand Balzac des pourpoints à sa taille, pourpoints péni blements faufilés avec des phrases raboteuses et sentant l'huile ? Est-ce M. Baudelaire dont la poésie étrange et maladive reflète, dans son rhythme torturé, les lueurs mal effacées d'un livre terri- ble? M. Laurent Pichat, M. L. Goudall, M. L. Bouilhet, M. L. Ulbach, ete, jeune phalange courageuse et ardente en qui res- pire l'amour de l'art et le désir passionné d'une nouvelle voie, mais sur laquelle plane un nuage de mysticisme humanitaire, qui n'a laissé jaillir encore que de rares éclairs ? Certes, il y a parmi les noms que nous venons de citer, et parmi ceux que nous oublions, bien autre chose que des médio- crités, et l'on peut, d'après leurs débuts, pressentir un avenir brillant chez un certain nombre de ces jeunes écrivains. Mais, hélas ! lorsque nous venons d'étudier leurs œuvres et que nous relisons celles de leurs devanciers, nous reconnaissons à regret que la génération qui nous a précédés nous écrase, et que nous n'avons pas encore à lui opposer un de ces noms, une de ces œuvres derrière lesquelles peut se masser, comme derrière un large et fier étendard, toute une armée littéraire. Devant cet état de facilité stérile, on se demande si la généra- lion actuelle a décidément pris son parti , et si elle se rési gne puisque le fond lui manque, à s'en tenir à la forme quelle a conquise. C'est là un fait certain : nous avons des œuvres bien