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                          BIBLIOGRAPHIE.                         155

 façonnées, des poèmes où abondent des vers d'une facture admi-
rable, mais ce sont des momies richement emmaillotées et rien
ne vit sous leurs bandelettes dorées. Aussi, rien n'émeut, rien
ne passionne, rien n'enthousiasme dans ces œuvres brillantes et
vides. On les lit par curiosité, on admire quelques couleurs, mais
on les quitte sans regret et on ne les rouvre jamais.
    A quoi tient cet état de choses? Est-ce la forme qui a étouffé
l'idée ou bien est-ce le manque d'idées qui a favorisé le déve-
loppement de la forme? L'affaiblissement de la littérature et
surtout de la poésie, tient-il à l'indifférence du public, ou le
public répugne-t-il à s'occuper d'une littérature usée ? Est-ce la
jeunesse qui ne sait plus trouver et qui ne peut plus produire ?
Est-ce le milieu ambiant qui n'inspire plus la jeunesse? Où est
l'effet, où est la cause ? Ce n'est pas dans les bornes restreintes
de cet article que nous pouvons approfondir ces questions mul-
tiples. Nous aurions aussi à faire l'application spéciale des consi-
dérations générales dont nous venons de donner le sommaire et à
étudier la question de l'art en province et particulièrement à Lyon.
    Nous l'avouons avec peine, nous ne sommes pas de ceux qui
regardent Lyon comme une ville littéraire. Certes, Lyon possède
de beaux talents et personne plus que nous n'est disposé à leur
rendre hommage. Sans pousser le patriotisme local jusqu'à croire,
ainsi que l'a fait, dans un but méritoire, l'auteur du Coup d'œil sur
le mouvement littéraire et artistique au midi de la France, que
notre ville est inondée de gens d'esprit et que tous ceux qui
tiennent une plume ici sont des écrivains de talent, nous savons
qu'il est àLyon des littérateurs qui tiendraient à Paris un rang des
plus honorables. M. Victor de la Prade est lyonnais ; M. Pierre
Dupont, n'est sorti de nos murs que pour chercher sur une plus
vaste scène la célébrité qu'il a conquise. Nous n'avons pas oublié
le brillant succès de M. Joannys Tisseur, dans le dernier concours
académique, et nous avons souvent admiré l'élégance harmonieuse
dont il pare le sens profond et philosophique de ses productions.
Nous apprécions vivement la précision énergique des vers de
M. Soulary, la facilité féconde de M. Pezzani et le charme rêveur
des petits poèmes de M, Léon Boitel. Nous poumons citer