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                           BIBLIOGRAPHIE.                          153
 leur exemple ait été la source d'un véritable déluge de confessions
 et de biographies contemporaines, assez médiocres sous tous les
 rapports, et dont la librairie est en ce moment inondée.
    D'autres vivent sur leur passé : les uns tapissent leurs feuille-
 tons de paradoxes déteints et râpés, décrochés des armoires des
cabinets de lecture. Ceux-là font bon marché de leur gloire et
comptent, assurément, sur l'oubli de leurs premiers ouvrages
puisqu'ils croient pouvoir en détacher, sans crainte, les fragments
qu'ils offrent comme primeurs à leurs lecteurs hebdomadaires.
Les autres, également plagiaires d'eux-mêmes, emploient un
procédé inverse : ils réunissent en volume les mille feuilles écrites
au hasard du jour et jetées, sans trop de choix, depuis vingt ans
dans les colonnes d'un journal. D'autres enfin, plus prudents ou
plus résignés, se taisent ; leur œuvre est faite ; ils attendent des
successeurs et ne voient poindre que des imitateurs.
   Quant à la génération de 1830, elle n'a rempli jusqu'ici qu'un
rôle secondaire et ses productions manquent au fond d'origi-
nalité vraie, tout en affectant une certaine excentricité de forme.
Sommes-nous donc trop jeunes? ou plutôt ne subissons-nous pas
la fatale influence d'une époque d'indifférence nécessaire après
une période d'enthousiasme? Ne sommes-nous pas à l'âge où nos
pères se sont illustrés ? Ne sommes-nous pas nés en même temps
que leurs chefs-d'œuvre ? Et depuis soixante ans tout ce qui s'est
fait de grand ne s'est-il pas fait par la jeunesse ! Sans remonter trop
haut et sans sortir du cadre littéraire, Victor Hugo n'était-il pas
chef d'école à vingt-cinq ans et sa brillante pléiade s'éloignait-elle
beaucoup de cet âge ? Nous, hommes de vingt-cinq à trente ans,
où sont nos œuvres? Où sont nos jeunes maîtres? Où est notre
V. Hugo, notre Lamartine, notre Béranger, notre Aug. Barbier,
notre Alfred de Musset, où sont nos poètes? Où sont nos roman-
ciers? notre Alex. Dumas, notre F. Soulié; notre G. Sand, notre
Balzac? Où sont les successeurs des grands auteurs dramatiques?
Avons-nous même remplacé dignement Frédéric Lemaître, leur
sublime interprète ?
   Nous avons l'école du Bon Sens, sorte d'éclectisme drama-
tique, qui cache, sous un titre rempli de fatuité en même temps