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".- T % 464 SOUVENIRS DES ALPES. se rendre sur les montagnes herbeuses de la Buffe et de Mar- tiniare, où s'égarent de nombreux troupeaux sans guides et sans bergers. Après la Grave , on passe sous un tunnel de 180 mètres de long, percé en ligne droite, qui conduit à une arche en pierre jetée sur un affluent de la Romanche. Au-delà de ce pont, la route gravit la montagne dont le pied est baigné par les eaux de cette rivière , et aboutit au Villar-d'Arenes , dont le paysage varié flatte l'œil du voyageur. Ce village a aussi à la montagne de l'Alp des gîtes de cuivre, qui contien- nent un demi-kilogramme d'argent par quintal ; mais l'ex- ploitation de ce minerai ne donne que de faibles résultats. Du Villar-d'Arenes, la nouvelle route qui est achevée monte par de longs détours, dont la pente est peu sensible, au Lautaret, un des points les plus ravissants de toute la chaîne des Hautes-Alpes. C'est là que l'infatigable botaniste va, sur les traces de J.-J. Rousseau, cueillir des plantes in- counues à la plaine pour en orner ses herbiers ; c'est là que l'homme de guerre va étudier la belle défense des Alpes par Catinal en 1692, et par le duc de Berwick en 1713. A l'extrémité orientale du canton de la Grave, sur le col qui sépare la vallée de la Guisanne de celle de la Romanche, à égale distance des sources de ces deux rivières, entre les hautes cimes du Mont-Thabor et la tête majestueuse du Pelvoux, s'élève une maison solitaire, entourée, en été, d'un immense tapis de fleurs, ensevelie sous les neiges dans l'hiver. Celle maison, de chétive apparence, dont le voyageur igno- rera peut-être le nom , mais que connaîtra bien le monta- gnard des Alpes, s'appelle l'hospice du Lautaret {hospitium Lautaretivel Altareti). Situé au sommet du col, sur la route de Grenoble à Briançon, dans un des sites les plus pittores- ques de la France, cet édifice modeste présente l'aspect gé- néral des habitations de cette contrée : un toit très-aigu et