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MONOGRAPHIE HISTORIQUE DU BUGEÃ. 391 Ségusiaves s'étaient emparés de fa rive droite du fleuve, et que, à l'imitation des Allobroges, ils y avaient formé des établissements. On sait, en effet, que lesfleuvesn'étaient pas toujours des barrières ou des limites entre les plus puis- s'antes nations de la Gaule. Les Commentaires en font foi, et Strabon dit précisément que la Saône était un fréquent sujet d'hostilités , entre les Eduens et les Séquanes, chacun de ces deux peuples voulant posséder cette rivière pour en percevoir le péage (1). Si, pour expliquer le passage de César, on suppose, d'après M. Bernard, que les Ségusiaves et les Ségusianes étaient deux nations distinctes, c'est ce que n'autorise aucun monument, aucune induction puisée chez les anciens auteurs. Des monuments épigraphiques révèlent le nom des Ségu- siaves, et l'on conçoit que les copistes des livres de l'anti- quité aient commis une légère inexactitude dans l'orthogra- phe de ce nom. Mais l'on ne saurait, sans raison grave, admettre deux peuples limitrophes, ayant même dénomina- tion, sauf le changement d'une consonne, variante qu'ex- pliquent d'ailleurs les altérations qu'ont subies les livres anciens. Et quel territoire attribuer à ce peuple, lorsque les Ambarres, d'après César et les documents gravés sur le sol, s'étendent entre la Saône et la rivière d'Ain, dans la Dombes, et que leur territoire, dans le Bugey, a des li- mites évidentes ! M. Monnier, dont l'imagination sème d'aperçus le vaste champ des conjectures, explique comment les Ambarres s'établirent dans la vallée de l'Ain. Ils n'étaient pas un peuple primitif de celte province. Sortis de l'Helvélie (2), (1) Strabon, liv. 4, page 192. Edit. de 1620. (2) M. Monnier, sans doule d'après Olivier, place les Anibrones dans l'Helvétie. Mais le savant de Bochat, dans ses dissertations sur les anti-