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358 LES FRÈRES DE SAINT-JEAN-DE-DIEU. de toutes les conjectures humaines, au-dessus de ces préci- sions cruellement déçues que parfois nous certifierions au péril de la vie ! Les frères-hospitaliers, qui probablement ne rêvaient qu'à leurs malades et à leurs pauvres , eh bien ! 187 ans plus tard subissaient le même sort. Leur famille adoptive , leur patri- moine , leur religion , leur vie devenaient le jouet des révo- lutions ; comme personne civile , ils tombèrent du faîte des dignités dans la plus affreuse détresse. Car eux aussi avaient en jouissance de vastes possessions, de riches domaines, de nobles terres, des hôpitaux sans nombre. Pour anoblir sans doute un tel service, Louis XIII leur avait concédé , par lettres-patentes , enregistrées , le droit de faire apposer ses armes, bâtons et panonceaux royaux , sur les portes et lieux éminents de leurs couvents et hôpitaux ; et la société de Sphragistique qui a pour devise : « Patrios renovare decet honores , apprendra avec certain intérêt qu'ils avaient , pour armes, l'écu de France; leur grenade d'or, surmontée d'une croix du même métal, brillait au milieu des trois fleurs de lys, avec cette devise ajoutée : Reges cœli et terrœ dederunt. » Eux aussi, en fouillant les chroniques , d'après les érudits, dans la science héraldique, auraient pu joindre à leur blason les armes de Saladin , en leur qualité de donataires et de bientenants de la seigneurie du Pré-du-Bul ; cette seigneurie leur provenait du haut et puissant seigneur Pierre Ignace de Braux , premier baron de Champagne , marquis d'Anglure et du Pré-du-Bul, vicomte des Essarts, seigneur du Belay et de plusieurs autres lieux (1). (1) La seigneurie du Pré-du-But était le plus bel ornement des premiers barons de Champagne ; Oger, premier du nom, fut un de ces généreux guer- riers qui se croisèrent pour la cause de Jésus-Christ. Se trouvant dans une rencontre, aux mains avec les inlidèles, il fut enveloppé, fait prisonnier et