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330 VICTOR DE LAPRADE. née sur les bords du Gange ? n'est-elle pas plutôt la sœur de Sacountala que d'Atala et de Virginie? encore Sacountala, pour aller rejoindre son époux , fuit-elle les caresses des HaDes et le petit du chevreuil qui la retient par le pan de sa robe. Elle est femme ; mais Hermia, semblable au pistil en- seveli dans le calice, reste plongée dans la nature. On dirait que Je poète s'est proposé de nous raconter les impressions d'une plante au moment même où elle se transformerait en femme et de surprendre les mystères de celte métempsy- chose à ce point insaisissable où finit la vie végétale, où la vie humaine commence. L'Hamadryade antique personnifiait un objet distinct, ici un laurier, là un peuplier, mais Hermia est une sorte d'Hamadryade universelle; et de même ^n^ Psy- ché a donné la mesure de ce que peut M. de Laprade dans l'ordre de la poésie symbolique, de même Hermia résume tout ce qu'il y a d'original et rie particulier dans sa manière de sentir la nature. A ne consulter que la date où ils ont été publiés, il semble- rait que de toutes les œuvres de M. de Laprade les Poèmes èvangèliques sont la partie la plus récente. Cela n'est pourtant vrai qu'à moitié. Les Parfums de Magdeleine, et la Colère de Jésus sont d'une date antérieure à Psyché. Le Calvaire, publié dans la Revue indépendante sous le titre beaucoup plus exact des Saintes femmes, a suivi de près la publication d'Hermia ; viennent ensuite la Samaritaine, la Tentation, le Précurseur, et enfin la Tempête qui clol ce que j'appellerai la première série. A la seconde se rattachent la Résurrection de Lazare, les OEuvres de la Foi, l'Evangile des champs, les Larmes sur Jérusalem, la Cité de Dieuel enfin la Cité des hommes. J'ai tenu à faire cette distinction, parce que certains passages de ces poèmes laisseraient Croire à tort qu'ils sont tous le ré- sultat d'un état nouveau survenu dans l'esprit du poète , le fruit raisonné d'une conversion. M. de Laprade avait, comme