Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
254               BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
 vient génératrice des affections morbides, lorsqu'elle s'associe à
 de funestes penchants ; on voit alors comment la morale fait
 partie de l'hygiène, et comment l'hygiène et la morale conservent
 les familles et les sociétés.
    Bossuet, dans son sermon contre les plaisirs, donne, avec ce
 ton de vérité qui le caractérise, une appréciation médicale qui ne
 serait certainement pas déplacée dans un ouvrage de médecine
 pratique. « Ils ont (les plaisirs) amené dans le monde des maux
 inconnus au genre humain, et les médecins enseignent, d'un
 commun accord, que ces funestes complications de symptômes
 et de maladies, qui déconcertent leur art, confondent leur expé-
 rience, démentent si souvent leurs anciens aphorismes, ont leurs
 sources dans les plaisirs. »
    Cet état diathésique, constaté par Bossuet devant Louis XIV
 et toute sa cour, état qui ne put que s'accroître sous la régence
 et le règne de Louis XV , peut être compté parmi les causes
 prédisposantes de la révolution qui mit fin à la monarchie.
    Si l'historien et le moraliste voient dans la dépravation des
 mœurs le signe précurseur de la ruine et de la chute des em-
pires, le médecin peut, à son tour, en montrer la cause dans la
 viciation du sang, de cette humeur animée qui devient la con-
 dition de sa force ou de sa faiblesse ; ici, soutenant les nobles
élans de son âme ; là, n'offrant qu'un impuissant auxiliaire aux
 déterminations que dicte la conscience.
    A Damiette, Louis IX paraît au-dessus de l'homme par sa
valeur; deux forces le soutenaient : Mens sana, in corpore sano.
    Trois siècles plus tard, la corruption du règne d'Henri III
amène les troubles de la Ligue ; mais, au moment de la crise, les
choses se passent différemment. « A la journée des Barricades,
dit Chateaubriand, Henri de Valois et Henri de Guise restèrent
au-dessousdeleurposition; l'un faillit de cœur, l'autre de crime. »
    Il ne suffit pas d'enregistrer ces grands événements qui dé-
cident souvent de la fortune des empires ; pour les comprendre,
il faut les saisir de plus haut, étudier les mille causes qui les
précèdent, les croyances et les mœurs du temps.
   Dans les circonstances difficiles, le courage, le dévouement