page suivante »
"238 NÉCROLOGIE.
d'en faire un homme de cabinet, voulut le placer dans le com-
merce. Là n'étaient ni ses préférences ni ses aptitudes, il n'y
apporta que dégoût ; de là ses pertes dans les affaires et la fortune
paternelle qui lui avaient été confiées, pertes que vint aggraver
encore, sous la Restauration , la soudaine levée de l'impôt mis
sur les cotons par Napoléon.
Les tendances de Castellan pour tout ce qui avait des rapports
avec la littérature et les arts , ses relations, son amour pour le
far niente, tout contribua d'une manière fâcheuse à la perte de
son avoir.
Un journal auquel il était abonné, YAlmanach des Gourmands
et des Belles lui donna le goût de la versification. Ce recueil
proposait des charades à deviner à ses abonnés et il accordait
des prix aux vainqueurs ; Castellan répondait en vers et gagnait
les pris.
C'est à cette époque que se fonda à Lyon , sous le nom de la
Réunion de la petite Table, une succursale du Caveau moderne.
A ces réunions, qui durèrent jusqu'à la fin de 1819, prirent part
plusieurs de nos compatriotes .- MM. Georges , Second, Camille
Arnaud, Peyre, les docteurs Rast, Bouchet, Janson, et Baumes.
On se réunissait tous les samedis soir, et chacun y apportait
sa part de verve et d'esprit. C'est là que Castellan se forma à la
chanson pour laquelle il eut toujours une vocation marquée.
C'est là qu'il mit en pot-pourri la Henriade et qu'il traduisit
quelques morceaux des Cent nouvelles nouvelles. L'opposition
libérale le compta au nombre de ses champions les plus ardents.
Il eut de spirituelles chansons pour toutes les circonstances,
mais la plupart sont mortes avec elles. C'est de ce temps-là que
date sa liaison avec le poète de Passy ; Béranger entretint avec
lui une correspondance suivie et tout à fait intime.
On a réuni en un petit volume in-12 , sous le titre de .- His-
toire de Lyon sous ta Restauration à l'aide des chansons de cette
époque , les différents pots-pourris , couplets et chansons que
Castellan composa dans la période de 1815 à 1830. 11 avait la
haine des étrangers, et l'invasion souleva son cœur patriote
d'une vive indignation. Lorsque les Autrichiens quittèrent Lyon,