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216 DE LA FOLIE. les nier , elle va même , par un excès contraire non moins blâmable, jusqu'à tenter, en forçant, du reste, toute vraisem- blance, de les placer au rang des actes naturels de l'esprit. « C'est l'intuition, dit Cousin , qui , par sa vertu propre et « spontanée, découvre directement et sans le secours de la « réflexion, toutes les vérités essentielles; c'est la lumière « qui éclaire le genre humain; c'est la voix qui parle aux « prophètes et aux poètes; c'«et le principe de toute inspi- « ration , de l'enthousiasme , et de celte foi inébranlable « et sûre d'elle-même, qui étonne le raisonnement, réduit à « la traiter de folie, parce qu'il ne peut s'en rendre compte « par les procédés ordinaires. » Que la science des procédés ordinaires soit donc modeste et ménage les mots de folie et d'hallucination. Qu'elle se souvienne toujours de ce grand mol de Pascal, à savoir que : « l'homme passe infiniment l'homme, » et qu'au-delà de l'homme, il y a encore le Dieu qui peut tout, et qui est bien libre de communiquer avec sa créature, comme bon lui semble. N'en faudra-t-il pas dire autant au sujet de ces phé- nomènes si étranges, si mystérieux, et pourtant si réels du somnambulisme et du magnétisme, qui, pour appartenir, plus probablement du moins, à l'ordre naturel, ne semblent, dans tous les cas, être permis par Dieu que pour fournir l'argument le plus péremptoire à la thèse de l'immatérialité de notre être?... Mais poursuivons. Après avoir si bien classé sa matière, Esquirol se livre à un travail d'analyse expérimentale sur l'intelligence humaine ; et il remarque dans l'aliéné, les éclipses distinctes, tantôt des seules facultés intellectuelles, tantôt des seules facultés mo- rales , tantôt des seules facultés instinctives; de là il déduit