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w DE LA FOLIE. 213 permanent : ils commencent et finissent avec la vie. L'idiot et l'imbécile sortent ainsi faits, ô mystère ! des mains d'une nature marâtre. L'un est une intelligence nulle ; l'autre, une intelligence avortée ; l'idiot est presqu'une bête ; l'imbécile est un grand enfant. Infirmités radicales et ordinairement in- curables ! Oh ! combien il faut que l'homme soit grand par lui-même, pour que, dans un tel état d'abjection et de dégra- dation, il inspire encore à la science et à la vertu hospitalière l'intérêt et le respect, que toutes les deux alors lui témoignent à l'envi ! La Démence, la Monomanie et la Manie, au contraire, ne sont point des états originels, mais seulement accidentels de l'esprit; aussi ont-ils leur début, leur accroissement, leurs intermittences, et, presque tous, leur terminaison. La Démence, selon Esquirol, a trois espèces qui se défi- nissent par les noms môme qu'il leur donne : la Démence aigûe, la Démence chronique, et la Démence sénile (seule incurable). La Monomanie ou manie spéciale, a deux espèces, éga- lement définies par leurs noms: la Monomanie triste (ou Mé- lancolie de Pinel), et la Monomanie gaie. Enfin, la Manie absolue, ce phénomène étrange qui, dit M. Flourens, « demande encore bien des études, » la Manie absolue a trois espèces : Manie continue, Manie intermittente, et Manie raisonnante, toutes choses encore qu'il n'est pas besoin de mieux définir. Et toutes ces espèces ont, hélas ! leurs variétés innom- brables ! La classification d'Esquirol est infiniment plus claire et plus expressive que celle de Pinel ; mais Pinel a commencé : "et il est plus facile de perfectionner que de créer. Esquirol éclaire encore ses observations par son étude sur VHallucination, que M. Flourens estime une des meilleures