page suivante »
DE LA. FOLIE. 205 de sa mission surhumaine et de la vérité de sa doctrine. Or, il faut croire à ces faits, ou reconnaître que la plus grande vérité, qui ait été donnée aux hommes, leur est venue du plus crédule ou du plus rusé des imposteurs. Cela est embarrassant, mais très-clair. Il serait temps d'en finir avec celte manie éclectique des forts esprits de notre âge de toujours scinder le Christ, en le proclamant tout haut le plus saint des révélateurs dans sa pa- role, en le désavouant tout bas comme le thaumaturge le plus coupable ou le plus ridicule dans ses miracles impossibles. Supprimer Satan du bout de la plume ou de la langue et en rire bravement, c'est facile, en vérité; mais y voit-on plus clair après dans la question du mal, et surtout de cer- tain mal?.. Voilà la question. Satan, une chimère ! Hélas! grâce à notre perversité , son régne sur les hommes est sou- vent pour des yeux sincères, plus visible que celui de Dieu même, ce souverain seigneur de tout être !.. Aussi, quant à moi, je l'avoue, je ne croirais pas à l'influence salanique dans certaines folies, de par l'Evangile, que j'y croirais encore, de par mon bon sens ; car je sens qu'il ne se peut qu'une croyance aussi universelle n'ait pas un fonds de vérité ; car surtout il me répugne d'être obligé d'attribuer aux excès seuls de la liberté humaine de si honteuses perturbations de notre nature. Je sais bien que l'homme peut, à lui seul, faire en lui- même de grandes ruines, mais il en est qui, par leur excès de malfaisance, ne peuvent s'expliquer par sa seule puissance de perversité. Or, en ce cas, sur qui donc rejeter une partie de la responsabilité dernière de pareils attentats, si ce n'est sur quelque malfaisant supérieur du monde des Esprits, qui, continuant ainsi sa révolte première contre Dieu, se fait un horrible bonheur de pousser l'homme, à travers toutes les plus vicieuses aberrations, jusqu'au suicide, dernier acte de su- prême et coupable folie ? Pour l'honneur de l'Humanité,