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14*2 HISTOIRE DE LA PAPAUTÉ remontrances étaient-elles presque toujours dépourvues de sanc- tion réelle? Philippe-le-Bel les repoussa péremptoirement, ou les fit repousser par les premiers Etats généraux convoqués en 1302. Ainsi la papauté ne perdit que des pouvoirs politiques. On vit aussi éclater, dans le môme temps, au sein de la cour pon- tificale et du conclave, des luttes d'intérêts politiques rivaux, tels que ceux, par exemple , de la France et de l'Italie qui prétendaient, l'une et l'autre , exercer sur l'Église et son gouvernement une autorité qu'elles appuyaient sur des titres divers , au besoin même sur des raisons assez plausibles. Ce sont là des faits caractéristiques de l'histoire des papes au XIVe siècle. Pourtant ces faits ne doivent pas faire illusion. L'Église alors reste debout, et triomphe d'atteintes qui ne peuvent l'é- branler.Sa force religieuse ne diminue pas. Son gouvernement intérieur ne change pas non plus. Ce sont les mêmes tradi- tions , c'est le môme système , appliqué tour à tour par les papes les plus différents. Ce sont toujours des règles invaria- bles , éternelles. C'est toujours le même langage, toujours la môme attitude, toujours la même espérance. Quoique elle ne soit pas à l'abri des malheurs ni des abus du temps, quoique elle offre souvent matière aux critiques d'historiens rendus plus exigeants par lespectacle desa perfection actuelle, elle n'en continue pas moins de travailler à la paix de l'Europe, à la conciliation des princes , au maintien de l'ordre et de la justice , à la conversion des infidèles. Elle soulève encore plusieurs croisades et conquiert , vers l'orient et le nord, un nouveau royaume au christianisme par la conversion du prince des Lithuaniens , Jagellon , devenu roi de Pologne. Enfin , si l'on veut juger de son empire sur les hommes du temps , qu'on écoute Froissar t, disant en propres termes : — Néant « ne peuvent les seigneurs et le clergé l'un sans l'autre ; car