page suivante »
120 PÉLOPONÈSE. d'haleine, mais sûr de la victoire. A la vue de la tortue qui le reçut en se moquant de lui, et qu'il s'attendait fort peu à trou- ver là , il fut si surpris et si honteux , qu'il repartit comme la foudre et 'disparut. La tortue reprit lentement le chemin de son haut rocher , se disant mélancoliquement à elle-même qu'il lui faudrait bien du temps et bien des fatigues pour regagner le sommet d'où elle était si promptement descendue. Mon guide ne voyait à cette histoire d'autre conclusion si ce n'est qu'il y avait toujours eu beaucoup de lièvres et beaucoup de tortues dans ce pays ; il fut fort étonné lorsque je lui appris que cette fable était populaire en France, et que les petits enfants l'apprenaient par cœur. Je lui en enseignai la morale dont il ne se doutait pas. III. TRIPOLITZA. Vers le milieu du jour nous arrivâmes à Tripolitza, ainsi nom- mée parce qu'elle se trouve au point de jonction de trois plaines ou florissaient autrefois trois grandes villes, Mantinée, Tégée et Pallantium. Les Turcs l'appelaient Tarabulosa et en avaient fait la capitale de la Morée et la résidence du pacha. Je ne pus me rendre compte des motifs de ce choix ; car Tripoli est loin de la mer ; l'accès en est difficile de toutes parts ; ses hivers sont froids et pluvieux ; les plaines qui l'entourent sont arides ; les monta- gnes qui l'avoisinent, tristes et stériles. La domination des Turcs n'y a, du reste, laissé aucun vestige; un pan de mur d'architecture mauresque, sur la place publique , est la seule trace que j'aie retrouvé de leur passage. Cette ville a conservé son rang ; elle est encore une des plus populeuse de l'a Grèce. Son bazar, construit en bois $, offre un aspect animé, le peuple y est bruyant et joyeux ; presqu'à chaque pas, un piquet, planté au milieu de la rue et surmonté d'une feuille de papier blanc , indique le voisinage d'une espèce de cabaret où l'assemblée est toujours nombreuse.