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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 83 élément : à celui-ci les grands chênes el les vallons ombreux ; à celui-là le vaste empire des eaux et leur émouvante voix. Qui de nous ne s'est senti poète devant le splendide spec- tacle que déroule la mer sous nos yeux éblouis, spectacle tou- jours nouveau de l'immensité et de l'infini ! Èh bien ! chose singulière, la mer qui a eu ses peintres, ses chroniqueurs, ses romanciers, ses historiens, ses voyageurs, n'avait pas encore son poète. Elle vient de le trouver dans l'heureux auteur de la Fille tf Eschyle. M. J. Autran a demandé ses inspirations à cette source éternelle de toute émotion, et il en a composé un volume qui a pour titre : Les Poèmes de la mer. Il nous en parle comme un homme qui a été bercé au bruit de ses va- gues, qui a joué sur ses galets, qui a grandi devant le spectacle de ses horizons. II la connaît, il l'aime, il en sait tous les charr mes il chante à cette heure sa grande voix, Ce cantique éternel que la vague cadence, Ce chant de l'infini que Dieu même a noté. Il nous dit son calme et ses tempêtes , son ciel, et sa pro- fondeur, ses alcyons, son peuple de matelots el de pécheurs, avec leurs rêves à tous, leurs prières et leurs chansons. Il nous dit le départ et le retour. Il célèbre la chapelle de Notre- Dame de la Garde et chante son bourdon ; il pleure sur lous les naufragés, ces trépassés de l'onde, ....dont le flot roule avec lui Les pauvres corps sans sépulture. Il s'attendrit sur le sort du mousse, auquel il prête cette comparaison : Le mât du vaisseau que bat la tourmente Jette en s'inclinant un douloureux cri.