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LES TOURISTES A ROME. 65 celte persistance est très simple : notre homme, rentré chez lui, voudra tirer parti de son tableau, et, comme preuve de son haut mérite, il produira l'estimation des douaniers de Marseille !. Un amateur de cette sorte serait probablement enchanté de voir une cheminée demachine à vapeur détrôner la Colonne Tr8jane, et remplacerait volontiers l'atelier de mosaïque du Vatican par une raffinerie de sucre. Ces touristes, toujours disposés à préconiser la matière aux dépens de l'esprit, ont singulièrement contribué à fausser les idées de la population romaine. On a beaucoup abusé du mot de progrès. Je ne veux pas nier tout ce que notre époque a fait de grand dans les sciences, l'industrie et même les arts; mais il n'en es! pas moins vrai que nous nous acheminons vers un moment où il n'y aura plus rien d'original, où une monotone uniformité régnera sur la tîrre, et où le génie de la spéculation fera dis- paraître tout souvenir des temps antiques. Que Rome lâche donc de conserver son cachet particulier ; elle y trouvera sa gloire, et même la satisfaction de ses intérêts matériels. Paul SAINT-OLIVE.