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LES TOURISTES A HOME. 53
Se Montorio (1). Rien ne choque dans la désignation de cet
emplacement, et la petite chapelle en forme de rotonde bâtie
par Bramante rappelle ce grand et sacré souvenir ; mais les
moines, à la garde desquels est confié ce respectable monu-
ment, n'ont pas voulu se contenter de l'indication générale
de Montorio; ils ont retrouvé le trou où la croix avait été
plantée, et on le montre aux étrangers, au-dessous de la cha-
pelle précitée. Qui veut trop prouver ne prouve rien, pro-
verbe excessivement vrai pour ceux qui ont le malheur de
raisonner un peu.
Je serais bien tenté d'entamer le chapitre des reliques
extraordinaires , de faire la description des incroyables curio-
sités lapidairea du cloître bysantin de Sainl-Jean-de-Latran ,
et de discuter l'authenticité de ces souvenirs matériels, mais
j'aurais peur, tout en plaisantant sur la badauderie des uns,
d'offenser la dévote et respectable bonhomie des autres. Je
ne pousserai donc pas ce sujet plus avant.
Combien je préfère ces braves gens, un peu crédules, à ces
évaporés qui rient, se moquent de tout, passent huit jours Ã
Rome et partent sans connaître seulement, je ne dirai pas
l'emplacement, mais le nom du Palatin ou de l'Aventin ! Que
j'aimerais peu la société de ce commis voyageur parisien qui,
revenant du Colysée, disait : Ce grand machin rond, là bas,
c'est gentil ! Quelle pittoresque appréciation de l'amphithéâ-
tre de Vespasien et de Tite! Il n'y a certainement qu'un en-
fant de Paris pur sang capable de formuler en de pareils
termes la description de cette arène, où périrent tant de mar-
tyrs dans les temps héroïques du christianisme. Ce malheu-
reux n'avait certainement pas parcouru ces immenses ruines
par un clair de lune, spectacle imposant, qui réveille néces-
(i) San Pielro in monlorio, de sanclus Peints in monte aureo, Ã cause du
sable jaune de la colline.