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vivait de ces petites luttes, et c'est là qu'elle se trouvait
forte et habile. C'est à peu près aussi son histoire tout en-
tière pendant quinze années d'existence.
   Le maniement des affaires ecclésiastiques a été livré aux
mains de quelques hommes, dont nous ne contestons pas les
bonnes intentions, ni les vertus, mais dont les lumières et
la généreuse volonté de s'avancer dans une voie de sages
progrès, ne nous semblent point aussi manifestes. Homme
de l'ancien régime et de la caste nobiliaire, M. de Pins, fort
entiché de je ne sais qu'elle baronnie de Catalogne, prenait
plaisir à en étudier, à en considérer, à en étaler les ra-
meaux, et le beau titre de premier Siège des Gaules, —
prima sedes Galliarum,—avait été remplacé dans les ar-
moiries épiscopales par l'indication de la susdite baronnie,
flanquée d'une pomme de pin. Est-ce, par hasard, que le
souvenir d'une vieille origine dans la foi ne valait point aux
yeux d'un évêque celui d'une origine mondaine ? Nous vou-
drions bien que l'on comprit enfin tout ce qu'il y a de noble
et de sublime dans la dignité de successeur du Christ, et que
de vaines généalogies disparussent devant celle-là, car le
Christ, fils éternel de Dieu, foula aux pieds la royauté de
ce monde, et savait s'y dérober en fuyant sur la montagne.
Du reste, habituellement malade et incapable de travail,
M. de Tins ne s'occupait d'affaires que par boutades, et
pour les entraver d'une fantasque volonté qu'il imposait
violemment comme chose infaillible.
   De trois vicaires généraux, il en était un d'un esprit
sage et modéré, mais par trop franc, par trop ouvert et
causeur; un second, d'une bonhommie finassière; un troisiè-
me enfin, d'une humeur tracassière et sournoise. Le premier
trahissait les secrets de l'Etat, ce dernier les concentrait
et prétendait les diriger. C'était la forte tête, le lettré de