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 faisant un jeu de la mort des hommes et des supplices qu'il leur
 infligeait. Mais, ainsi qu'il arrive sous la plupart des tyrans, les
 cruautés qu'il exerça n'eurent guère pour objet, hors de Rome sur-
 tout, les masses de la population ; et, par cette raison, tout odieux
 qu'il fut par ses crimes , on ne saurait le mettre en parallèle avec
 cet autre monstre , froid calculateur, qui décimait une nation en-
tière pour arriver au but de son ambition. Si Néron put laisser
quelques regrets, il n'en fut pas de même de Robespierre : sa mort
ne fut déplorée que par quelques Jacobins ses complices, qu'il aurait
peut-être envoyés à la guillotine, s'il eût vécu un jour de plus, mais
qui, en perdant leur chef, avaient à redouter une réaction venge-
 resse. Au reste, ce n'est pas sur ce point que j'ai l'intention d'ar-
rêter mes lecteurs. Je veux seulement rétablir les faits, inexactement
rappelés dans ce passage en ce qui concerne Néron, et plus particu-
lièrement ceux qui intéressent l'histoire de notre antique cité.
    Il est bien vrai que Néron fut regretté par quelques personnes. A
Rome, il y en eut qui honorèrent longtemps son tombeau et ses
imagos : Non defuerunt, dit Suétone, qui per longum tempus ver-
nis œstivisque floribus tumulum ejus ornarent : ac modo imagines
prœtextatas in Rostris proferrent, modo edicta, quasi viventis,
et brevi magno inimicorum malo reversuri (1). Le même biogra-
phe rapporte ensuite que Vologèse, roi des Partb.es, demanda instam-
ment au sénat qu'il décernât des honneurs à la mémoire du tyran :
 Quin etiam Vologesus, Parthorum rex, missis ad senatum legatis
de instauranda societate, hoc etiam magnopere Gravit, ut Neronis
memoria coleretur (2). Enfin, il ajoute que, plus tard, lorsqu'un im-
posteur voulut se faire passer pour Néron, il trouva chez ces peu-
ples un appui favorable et puissant : Denique cum post viginti an-
nos, adolescente me, extitisset conditionis incertw qui se Neronem
esse jactaret, tam favorabile nomen ejus apud Parthos fuit, ut
véhémenter adjutus, et vix redditus sit (3).
    Mais cette sympathie de quelques Romains, et d'un peuple long

  (1) Na\, LVII.
  (2) toc. laud.; cf. Àurel., Yict. Epit. V.
  (5) toc. laud, — On crut longtemps que Néron n'était pas mort : nous ve-