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 autour de lui- chaque année la phalange musicale ouvrit
 ses rangs à de nouvelles recrues, et ce fut un merveilleux
 spectacle que cet orchestre, chaque saison plus nombreux,
 se réunissant dans les salons de M e Mongolfier, pour exé-
 cuter, avec un nerf et une verve entraînantes, les sym-
phonies de Beethoven et les grandes compositions lyriques
des maîtres allemands. A. cette époque, on peut dire que
 Lyon était la seule ville de France, où l'on entendit la
musique sérieuse, la musique à grandes proportions, comme
les oratorios de Haendel, de Haydn, de Beethoven, les
compositions religieuses de Mozart, de Schneider, de
Fesca, de Michel Haydn, de JomelH, de L é o , les psau-
 mes de Marcello. Paris fut devancé par Lyon ; à peine
si le Conservatoire osait essayer quelques-unes des sym-
phonies de Beethoven, choisissant les moins originales et
les plus claires. Quant aux magnifiques concertos de
Beethoven et de Weber, admirables symphonies, bien plus
que morceaux de pianos, ce sont de sublimes créations,
ignorées encore aujourd'hui du public parisien, et dont
les richesses inconnues nous furent révélées alors.
   La part que prit Baumann à la propagation des idées
musicales est donc un fait remarquable, qui indique le
 principal caractère de son talent. La vigueur, la netteté,
l'entraînement de son jeu, une grande promptitude d'ins-
tinct, l'intelligence, et le sentiment des effets de masse le
rendaient éminemment propre à la domination d'un or-
chestre. Ces qualités lui marquent une place incontestée,
mais moins individuelle, en apparence, que celle acquise
par une grande supériorité de mécanisme instrumental. Là
le chef se confond et se perd un peu au milieu des gros
bataillons. Là, le relief est moins saillant, l'enthousiasme
moins accîamatoire que pour le joueur de solo.