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405 autour de lui- chaque année la phalange musicale ouvrit ses rangs à de nouvelles recrues, et ce fut un merveilleux spectacle que cet orchestre, chaque saison plus nombreux, se réunissant dans les salons de M e Mongolfier, pour exé- cuter, avec un nerf et une verve entraînantes, les sym- phonies de Beethoven et les grandes compositions lyriques des maîtres allemands. A. cette époque, on peut dire que Lyon était la seule ville de France, où l'on entendit la musique sérieuse, la musique à grandes proportions, comme les oratorios de Haendel, de Haydn, de Beethoven, les compositions religieuses de Mozart, de Schneider, de Fesca, de Michel Haydn, de JomelH, de L é o , les psau- mes de Marcello. Paris fut devancé par Lyon ; à peine si le Conservatoire osait essayer quelques-unes des sym- phonies de Beethoven, choisissant les moins originales et les plus claires. Quant aux magnifiques concertos de Beethoven et de Weber, admirables symphonies, bien plus que morceaux de pianos, ce sont de sublimes créations, ignorées encore aujourd'hui du public parisien, et dont les richesses inconnues nous furent révélées alors. La part que prit Baumann à la propagation des idées musicales est donc un fait remarquable, qui indique le principal caractère de son talent. La vigueur, la netteté, l'entraînement de son jeu, une grande promptitude d'ins- tinct, l'intelligence, et le sentiment des effets de masse le rendaient éminemment propre à la domination d'un or- chestre. Ces qualités lui marquent une place incontestée, mais moins individuelle, en apparence, que celle acquise par une grande supériorité de mécanisme instrumental. Là le chef se confond et se perd un peu au milieu des gros bataillons. Là , le relief est moins saillant, l'enthousiasme moins accîamatoire que pour le joueur de solo.