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             Scilicct Me reddi deinde ac resoluta referri
             Omnia : nec morti esse locum ; sed viva volare
             Sideris in numerurn, atque alto succedere cœlo (1).

   Naples, qui conseille si bien sa raison, parle aussi une
langue plus riche à son imagination qui en rend fidèlement
toute la diversité, tout l'éclat. Non seulement Virgile contemple
avec ivresse et reproduit, dans ses vers, les brillantes images
que cette nature nouvelle étale a ses yeux; mais, excité par
elles, il rêve mieux encore, et s'abandonne à ces cris qui, à
travers dix-huit siècles, retentissent à notre oreille avec toute
l'ardeur d'un inextinguible désir :
            Flumina amem silvasque inglorius. 0 ubi Tempe,
            Sperehiusque, et virginibus baccliata laeœnis
            Taygeta ! 0 qui me gelidis in \allibus Hœnii
            Sistat el ingenti ramorum protegat umbra (2) !

Dans les Bucoliques, on ne trouverait rien de semblable à
ces élans; tout y respire, au contraire, le besoin de demeu-
rer caché sous l'abri natal, et de se préserver de la violence
des événements et des passions. Les secrets de la jeunesse
du poète sont ensevelis sous l'ombre du verger paternel, au
milieu des pures senteurs de la prairie, et de l'innocent mur-
mure des ruisseaux qui ont distrait et rafraîchi ses sens. Lors-
que Yirgile arrive dans le midi de l'Italie , c'est un homme
chaste, apaisé, maître de lui-même, qu'il montre aux habi-
tants de la Campanie et de la Sicile, chez lesquels on lui a
ménagé des asiles ; quand il paraît à Naples avec sa stature
élancée, avec sa complexion délicate, avec sa voix enchante-
resse, frappés de son aspect virginal, les hommes qui l'admi-
rent le surnomment Pàrthenias; âKome, où on lui avait don-
né une maison sur le mont Esquilin, à côté des jardins
de Maecène, si parfois on le voit passer, on lit dans la séré-
  (1) Georg. lib. IV.
  (2) Georg. lib. II.