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308 rapides de transport pour les lettres et pour les nouvelles. En même temps qu'il portait dans son administration cet esprit de régularité et d'activité, il était, pour ce qui le con- cernait discret et modeste ; il ne voulut point qu'on érigeât des temples en son honneur, quoiqu'on fut en usage d'en élever môme aux proconsuls ; il fondit toutes les statues d'argent qu'on lui avait dressées ; il en consacra la valeur à faire orner d'un trépied d'or le temple d'Apollon Palatin. On le vit à genoux, l'épaule nue, dans la posture des sup- pliants, refuser la dictature que le peuplelui offrait; il repoussa avec horreur le titre de seigneur qu'on lui voulait donner, fut soupçonné de porter une cuirasse cachée pour se défendre contre les patriciens, et admit familièrement le peuple au- près de lui. Il souffrit l'opposition dans le sénat, ne se ven- gea point de libelles qui y avaient été semés contre lui, laissa même ailleurs déclamer contre lui. Il allait à pied lors- qu'il était consul, ou dans une chaise découverte; sollicitait les magistratures selon le rite ancien, portait lui-même son suffrage dans sa tribu, comme un simple particulier ; se lais- sait appeler ou récuser comme témoin dans les jugements. Il ne recommanda jamais ses enfants au peuple sans ajouter s'ils le méritent ; se plaignit de ce qu'on les applaudissait quand ils paraissaient au théâtre; fit ses amis puissants, sans les mettre au dessus des lois. À la campagne surtout, il haïssait le luxe; dans ses villas, il estimait moins les sta- tues et les tableaux que les promenades couvertes, les forêts, les curiosités naturelles ou historiques. Sa manière de vivre était d'une simplicité primitive : il n'avait que des meubles d'une médiocre élégance ; il ne portait de vêtements que ceux que sa femme, sa sœur, sa fille lui faisaient ; à table il était presque aussi frugal qu'un romain de la république; il se délassait des affaires en péchant à la ligne, et en jouant avec des enfants aux noix et aux osselets.