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   tuaient, servait d'école à Bramante et à tous les architectes
   qui, comme lui, tenaient encore par quelque point au génie
   religieux du moyen-âge ; à l'est, Vicence produisait, tou-
  jours au pied des mômes sommets, Scamozzi et Palladio qui
  furent, pour ainsi dire, le dernier mot et la plus riche ex-
  pression de la Renaissance.
     La poésie fournit des exemples semblables. Catule qui an-
  nonça à la fois Virgile et Horace reçut le jour près de Vé-
  rone, à Sirmium, sur une pointe que la terre pousse d'une
  façon magique au milieu du lac de Garda; mais n'ayant
  contemplé la majesté des Alpes qu'à travers les délices de
  ce beau lac, il livra sans réserve son ame à la volupté qui
  abrégea ses jours et intercepta son génie. Tile-Live qui
  berça aussi avec la mélodie de sa prose la grandeur du peu-
  ple romain, était né à Padoue. Comme Mantoue est le cen-
  tre de la Lombardie, Virgile est le point vers lequel con-
  verge toute la poésie latine, et qui en rassemble les plus
  beaux rayons. Les deux Pline, nés également dans la Cisal-
  pine, montrèrent ce que cette contrée pouvait produire pour
 la science, lorsque le règne de la poésie était passé. Au
 moyen-âge, les Apennins eurent une supériorité marquée ;
 avant Brunelleschi, ils avaient produit le Dante, Pétrarque
 et Boccace. Mais, au seizième siècle, comme l'architecture,
 la poésie aussi semble établir son siège dans la Gaule Cisal-
 pine que les races celtiques et les Alpes rapprochent de
notre pays. L'épopée de l'Italie moderne se fixe à Ferrare, à
quelques lieues de Mantoue, où avait pris naissance celle de
l'Italie antique. C'est là qu'Arioste réveille, après un siècle
de sommeil, la poésie de la Péninsule, et ouvre la glorieuse
carrière du Cinque-Cento ; plus près des Monts, à Vicence,
le Trissin, compatriote et comtemporain de Palladio, appli-
que, comme lui, le rhythme antique à l'art moderne, fait la
première tragédie classique, SopJionisbe, et compose le pre-