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270 Elle aussi demande du travail ; et, comme les mauvais ou- vriers, elle prie Dieu pour n'en pas trouver. Ces réflexions nous sont suggérées par l'indifférence avec laquelle on a reçu, dernièrement, dans nos contrées in- dustrielles, le projet de jonction du Rhône à la Loire. Ce projet, développé par M. Bergeron, ancien élève de l'école polytechnique, dans deux mémoires dignes d'un meilleur accueil, est de la plus haute importance. Il est vrai que ce projet de jonction n'est pas tout à fait neuf. L'idée première de celte grande opération appartient à un horloger de Lyon, aussi modeste que Jacquard, et dont la statue devrait bien s'inaugurer en même temps que celle de cet homme utile, sinon à Lyon, du moins à Givors, où il a tant accumulé d'éléments de prospérité. L'horloger s'appelait François Zacharie ; et c'est sous le règne de Louis XV qu'il y eut, de la part de cet ingénieur improvisé, commencement d'exécution de ce grand projet. Mais ce commencement d'exécution, livré à d'aveugles spé- culateurs, au Minotaure du jour, à l'agiotage, allait, ces temps derniers, faire avorter l'idée première de l'entreprise, lorsque M. Bergeron est intervenu comme le continuateur de l'immense travail de Zacharie, à l'aide de moyens dont l'in- venteur ne se serait jamais douté lui-môme ; ce qui à l'in- vention ajoute le perfectionnement et habille à la moderne ce projet suranné. Loin de nous la pensée de déprécier la moindre œuvre du génie, quelqu'en soit le genre. Cependant il est de fait que l'apparition d'une chanson nouvelle de Béranger aurait eu plus de retentissement dans nos pays industriels, que la pu- blication des mémoires de M. Bergeron. Cette chanson nouvelle, tout le monde se la dirait, on se la disputerait, il y aurait lutte à qui le premier la chanterait,