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  ment j'ai su qu'il fut un temps où la société de Sainl-Etieimê
  en était réellement une et que le cœur d'Aimé De Loy l'y
  retenait. Il avait d'ailleurs dans le caractère quelque chose
 de mystérieux et de sombre, qui le disposait à ne pas souffrir
 sous un ciel habituellement triste et en vue du paysage aride
 des environs de la ville.
    Saint-Étienne est entouré de montagnes sans arbres, sans
 culture. La fumée qui s'élève épaisse et noire des feux de
 charbon, des usines, des ateliers de forgerons, forme au-des-
 sus de ces montagnes et des rues, un rideau que le soleil a
peine a traverser. La ville divisée en deux parties bien mar-
quées, l'ancienne et la nouvelle, est cependant sans carac-
 tère. La première partie n'est qu'un amas de maisons pau-
vres horriblement noircies, habitées par des familles miséra-
bles, d'une saleté hideuse. L'autre partie se compose d'une
rue principale percée du Nord au Midi, traversant la ville
dans toute sa longueur et faisant route du Puy à Montbri-
son. Les autres rues également percées en ligne droite cou-
pent celle-ci de distance en distance et perpendiculairement.
Cette régularité sans grâce offre pour la localité un inconvé-
nient immense ; les vents presque toujours violents dans les
montagnes s'engouffrent dans ces longues percées et soulè-
vent en tourbillons une poussière noire qu'ils jettent à la
face des passants ; cette poussière forme croûte sur la peau j,
on ne l'enlève jamais complètement dans le pays, et, quand
on le quitte, on ne reprend sa couleur naturelle qu'après
de nombreuses ablutions. Pendant l'hiver la poussière ne
voltige plus, elle se change en boue, dont aucune boue ne
peut donner l'idée; elle est noire comme l'encre et fait tache
sur tout ce qu'elle atteint. Je ne sais si cette poussière etë
cette boue en sont la cause, je le présume. On ne voit pres-
que jamais de femmes dans les rues ( pour être compris des
Sléphanois, je devrais dire : jamais de dames). Celles qui