page suivante »
191 Aux oiseaux du désert qui sont tous tes amis ; Aux forêts des vieux jours qu'effleure un vent paisible, Où ton oreille s'ouvre aux voix de l'invisible ; A la grande nature, à cette mer sans fond Où ce fiel d'un instant s'abîme et se confond ; Au berceau de l'amour qui lie entr'eux les êtres; A toute chose où Dieu se manifeste ; — aux maîtres Dont le doigt t'a montré le chemin du vrai beau; A l'art pur et serein qui crée un ciel nouveau. Pour que l'on boive une heure à ton vase d'argile Puise aux flots qu'épanchaient Euripide et Virgile; Erre autour de Williams, torrent au bord fleuri ; Vois d'en bas s'éployer l'aile d'AIighieri ; Vois les livres puissants du sculpteur et du peintre ; Les reliefs du fronton et les fresques du cintre, Phidias, Raphaël dont Dieu guida les mains ; Rêve de marbres grecs et de tableaux romains, De beaux fronts amoureux, d'Héloïses pudiques, Cœurs chrétiens qui battraient sous des formes antiques ! Songe à ton œuvre aussi ; sculpte un vers trop confus, Emonde tes rameaux aux jets gris et touffus, Poursuis la couleur nette et la forme finie, Va dorer ta statue au soleil d'Ionie ; Apprends des maîtres Grecs les secrets du contour. Sans fermer ton oreille aux maîtres de l'amour ; Fais ton livre idéal, mais de style sévère, Beau vase athénien, plein de fleurs du Calvaire ! Viens, Viens ; la muse encore a des bois ignorés, Où l'on écoute et voit danser des chœurs sacrés; Où tu peux, à l'abri de toute haine impure,