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non pour complaire à telle ou telle opinion politique, mais simplement parce
que cela est vrai. Il faut dire, de plus, que cette récompense lui fut accordée
sur un rapport du préfet du Rhône, et non sur la demande d'un Anglais.
  Jamais le conseil des prud'hommes de Lyon n'a pris d'arrêté pour la destruction
des machines de Jacquard, encore moins pour les faire brûler par la main du
bourreau (1). Avancer une pareille assertion, c'est montrer qu'on n'a aucune
idée desaltributions des prud'hommes, simples jugesde paix, appelés à terminer
des différends entre les divers agents de l'industrie, et incompétents pour toute
autre chose. Sans doute cette institution comme toutes celles qui ont de l'im-
portance, a dû froisser quelques intérêts, et faire jeter des cris à la routine;
ceci n'est point particulier à notre localité ; c'est de tous les temps et de tous
les lieux; jamais un nouveau mode d'action ne s'est établi, dans les arts, sans
exciter la jalousie et rencontrer de la résistance. Mais il y a loin de là à l'acte
ridicule, odieux, et de plus, impossible, que l'article dont je parle attribue
aux prud'hommes lyonnais.
   Enfin, et c'est le principal motif qui m'a fait prendre la plume, il n'est
point vrai que ce soit Yaucanson qui ait inspiré à Jacquard l'idée de sa ma-
chine ; rien de plus facile que de le prouver de la manière la plus péremploire ;
c'est en 1801 (2 nivôse, an IX de la République) qu'il obtint un brevet pour sa
machine ; en 1802 elle avait déjà acquis assez de réputation pour que des
membres de la Consulta cisalpine tenue à Lyon allassent l'examiner dans
le domicile de notre concitoyen, rue de la Pêcherie, ayant à leur tête le mi-
nistre de l'intérieur de France, qui était alors le célèbre Chaptal ; et ce n'est
que deux ans plus tard, c'est-à-dire en 1804, que Jacquard, entré pour la pre-
mière fois au Conservatoire des arts à Paris, put y voir le milier de Yaucanson,
Ce simple énoncé de faits dispense de tout raisonnement , Jacquard ne dut
rien qu'à son génie.
   Probablement, à l'époque peu éloignée de l'érection de sa statue, des pu-
blications sérieuses et officielles feront connaître la belle figure de Jacquard
sous son véritable jour. Quant à l'article que j'ai cru devoir réfuter succincte-
ment, il rappelle ceux dont la presse de Paris a inondé les provinces, il y a
quelques années, dans lesquels les formes et les mœurs des habitants de la
lune étaient minutieusement décrits.
   Agréez, Monsieur, etc.
         L'auteur de l'Eloge de Jacquard, couronné par l'Académie de Lyon.

  ÎVous avons déjà démenti ce faitj «t nous renvoyons au I e r volume de notre REVUE,   p.i66,
(.eux qui seraient curieux de connaître quelles circonstances ont pu donner lieu à une aussi
absurde accusation.