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             débiteur malheureux et de bonne foi, prompt à fuir et lent
             à se libérer.
                  On dit que le génie du poète ne se développe que sous
             l'influence de sensations multipliées, que la lyre n'a de
             sons pénétrants que lorsqu'elle exhale les grands mouve-
             ments de l'ame.
                  Rien n'a manqué à De Loy sous ce rapport : les fortes
             émotions n'ont pas plus failli à son talent que son talent
             n'a failli aux émotions de son cœur, au tumulte de ses
             sensations.
                  Jean-Bapiiste-Àimé DE LOT, fils d'un fabricant de pa-
             pier, est né à Plancher-Bas, village des Vosges, près de
             Lure, en Franche-Comté, pays dont il était fier, que
             souvent il chantait, et qui, à son tour, a tiré vanité de sa
])j>, naissance en plaçant son nom parmi ceux dont cette pro-
       ¥
         '.\ vince s'honore.
      !
 ^ ' J .' Sa naissance date de 1798, époque à laquelle re-
jift'i y monte aussi celle de quelques jeunes poètes comme lui,
             hommes d'un vrai talent, d'une nature inquiète et rêveuse
             détachés de tous calculs humains, du positif, et mal à
             l'aise dans cette vie où l'illustration pourtant ne leur man-
              querait pas.
                  Cette singularité, à quoi tient-elle ? Faut-il y voir,
              comme le rapportent ceux qui veulent tout expliquer,
              l'influence des terreurs et des transes, sur la génération
              de cet âge, des années antérieures à 1798, ou bien l'in-
              fluence des glorieux prestiges des temps postérieurs qui,
              après eux, n'auraient laissé que du vide.
                  De Loy, enfant, fut placé à Steinbach, pour ses premières
              études, chez le curé de la paroisse. Il s'y familiarisa avec
              la langue allemande et commença le latin. Le curé de
              Plancher-Bas le prit ensuite, à la mort de son père. A cette
               époque, les meilleurs instituteurs primaires se trouvaient
               dans le clergé, on ne pouvait mieux placer l'enfant que
               l'on séparait de sa mère, qu'en le confiant aux soins d'un
               bon prêtre de village.