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52 Ausone s'était d'il: Je vais célébrer la Moselle. Celait pour lui une lâche à remplir, et non un sentiment à exprimer: c'était un plaidoyer dans le genre de ceux qu'il faisait faire à ses élèves. Il avait donc recueilli, avec la patience d'un avo- cat, tous les moyens qu'il pouvait faire valoir en faveur de son fleuve ; il les avait développés et amplifiés avec esprit. Byron n'écrit point le panégyrique du Rhin ; il jetle sur le papier les émotions qu'il a éprouvées sur ses bords. Il s'em- barrasse peu d'être complet, il est vrai et profond. Il ne pense pas, par une exagération déplacée, qu'après avoir vu son fleuve, personne ne puisse admirer l'Hellespont (1). Il nous dit au contraire : More miphty spot may rise, more glaring shine, But none unité in one attaching maze The brilliant, fair and soft, the glories of old days(2). Ce n'est pas pour faire de beaux vers qu'il peint les rives du Rhin ; il veul échapper aux sombres pensées qui le poursui- vent, et il se réfugie dans le sein maternel de la nature ; Away vrith lliese ! true wisdom's world will be Wilhin ils own création, or in lhine, Maternai nature (5) ! Au lieu d'une lente et minutieuse analyse, Byron jetle à plei- nes mains dans une seule strophe le feuillage, les fruits, les champs de blé, les vallons, les torrents ; c'est une fécondité, une exubérance, un pêle-mêle de beautés digne de la nature (1) Quis modo Sestiacum pelagus, Nepheleidos Helles ./Equor, abydeni fréta quis miretur ephebi(2) ? (2) D'autres sites peuvent s'élever avec plus de majesté, briller avec plus d'éclat; mais personne ne réunit dans un plus louchant mélange l'éclat, la beauté, la douceur, les gloires des anciens jours, » (5) « Loin de moi ces pensées. La vraie sagesse trouvera son univers dans ses propres créations, ou dans les tiennes, maternelle nature ! »